Paris et Berlin veulent renouer le dialogue avec Athènes

Alexis Tsipras pourra s’appuyer sur son nouveau ministre des Finances Euclide Tsakalatos.
Yves-Marc Le Réour
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C’est un appel commun à la responsabilité qu’ont lancé hier soir au gouvernement grec Angela Merkel et François Hollande. Réunis à l’Elysée au lendemain du référendum qui a conduit à une large victoire du «non» aux propositions des créanciers du pays, la chancelière allemande et le président de la République française ont indiqué lors d’une conférence de presse que la porte était encore ouverte pour qu’Athènes mette sur la table des négociations des propositions «sérieuses et crédibles».

Soulignant que c’était «une question aussi de visibilité, de crédibilité et même je dirais de dignité», François Hollande a ajouté: «La solidarité est partout, elle doit l'être encore davantage. Mais il y a aussi la responsabilité, c’est cet équilibre entre responsabilité et solidarité qui doit être notre ligne de conduite pour les jours qui viennent.»

En se disant prête à de nouvelles discussions, Angela Merkel essaie de jouer un rôle modérateur auprès des «faucons» de son gouvernement et des milieux patronaux allemands excédés par l’attitude d’Athènes. Elle a néanmoins jugé que les conditions n'étaient à l’heure actuelle «pas réunies» pour un nouveau plan de sauvetage et que la dernière proposition faite par les créanciers le 27 juin était «déjà très généreuse». Les deux dirigeants ont noté la volonté des partis grecs de rester dans l’euro, tout en insistant sur le fait qu’il fallait attendre la réaction des autres pays européens aux futures propositions d’Athènes.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a d’ores et déjà déclaré que le gouvernement grec devrait accepter de réformer en profondeur s’il souhaite rester dans la zone euro. En l’absence de telles réformes, les Pays-Bas ne sont pas prêts à contribuer davantage au sauvetage des comptes publics de la Grèce, a-t-il poursuivi.

Afin de faciliter les discussions, le Premier ministre grec Alexis Tsipras pourra s’appuyer sur Euclide Tsakalatos, qui a été nommé ministre des Finances à la place de Yanis Varoufakis après la démission de ce dernier, hier. L’actuel coordonnateur des négociations avec les créanciers, plus diplomate que son prédécesseur, est né au Pays-Bas et il a étudié l’économie à l’Université d’Oxford.

Le nouveau ministre rejoindra ses homologues aujourd’hui à Bruxelles, quelques heures avant un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du bloc. Membre du parti Syriza depuis 2004, il est néanmoins un fervent critique de la politique de rigueur préconisée par les créanciers du pays. «Je ne pense pas que la nomination d’Euclide Tsakalatos change de façon significative la stratégie politique de la Grèce, mais son approche moins conflictuelle devrait certainement aider dans les négociations», avance Diego Iscaro, économiste au sein du bureau de recherche américain IHS.

«L’assise politique confortée d’Alexis Tsipras et la démission de Yanis Varoufakis renforcent la position du Premier ministre grec dans les négociations à venir», en conclut Marchel Alexandrovich, économiste senior chez Jefferies.

Mais l’urgence s’impose désormais à l’ensemble des parties. «Pour la population grecque, la vie va devenir encore plus difficile dans les jours et les semaines à venir. L’insolvabilité définitive du pays est désormais un risque imminent», a estimé hier le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, évoquant même la possibilité d’une aide «humanitaire» à Athènes.

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