L’opacité du marché des changes est remise en cause

Les autorités suisse et britannique enquêtent sur une manipulation éventuelle des cours de clôture du WM/Reuters, l’un des benchmarks de devises
Alexandre Garabedian
Illustration: Audrey Millet
Illustration: Audrey Millet  - 

Après les indices interbancaires, le marché des changes se retrouve dans le collimateur des superviseurs financiers. La Finma, le gendarme suisse des marchés, a révélé le 4 octobre qu’elle enquêtait sur «de possibles manipulations des cours des monnaies étrangères» dans lesquelles «plusieurs banques sont potentiellement impliquées à un niveau international». Dans la foulée, la FCA britannique, qui avait déjà fait état en juin d’une enquête du même type, et la HKMA, le superviseur financier de Hong Kong, ont réaffirmé leur vigilance.

La Finma n’a souhaité citer aucun suspect. En juin, Bloomberg indiquait que la FCA avait demandé des éclaircissements à quatre banques, dont Deutsche Bank et Citigroup. Logique: les deux établissements sont respectivement numéro un et deux mondiaux du secteur en traitant chacun environ 15% des transactions sur le Forex. Barclays et UBS suivent, toutes deux créditées d’une part de marché de 10% dans l’enquête Euromoney. Les quatre banques trustent donc 50% des volumes.

Les soupçons ne portent que sur une petite portion d’un marché des changes qui drainait en avril 5.300 milliards de dollars de volumes quotidiens moyens, selon l’enquête trisannuelle de la Banque des règlements internationaux. Les superviseurs enquêtent sur le mode de fixation des taux de change WM/Reuters, publiés chaque demi-heure pour les devises les plus traitées, et dont les cours de clôture spot et forward sont déterminés à 16 heures, heure de Londres.

Ce benchmark est utilisé par des gestionnaires de fonds pour calculer la valeur de leurs portefeuilles libellés en devises étrangères, ainsi que par des fournisseurs d’indices comme le MSCI. Il ne servirait de référence que pour 1% à 2% des transactions de change.

Le fixing du WM/Reuters se déroule sur une période de 60 secondes. Or, des pics de transactions auraient été régulièrement identifiés quelques minutes avant ou pendant cette fenêtre de tir. En concentrant juste avant 16 heures leurs échanges, certains traders pourraient influencer les cours de clôture à leur avantage.

Fondés ou non, ces soupçons mettent une fois de plus le doigt sur l’opacité des indices financiers de référence. Le marché des changes, en particulier, reste peu régulé malgré sa taille croissante. Au vu des sommes en jeu, même une petite distorsion pourrait avoir de lourdes conséquences financières pour les investisseurs.

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