L’Italie voit ses coûts de financement se renchérir dans un contexte tumultueux

Rome doit refinancer 26 % de sa dette au deuxième semestre et en 2012, alors que le risque de contagion persiste au sein des périphériques
Antoine Duroyon

L’heure n’est pas à la «dolce vita» sur le marché des «Buoni del Tesoro Poliannuali» (BTP), les obligations souveraines de l’Etat italien. Le gouvernement va devoir honorer 175 milliards d’euros de titres arrivant à maturité au deuxième semestre, titres courts compris, et 245 milliards d’euros l’an prochain, selon des données compilées par Bloomberg. Cela représente au total 26% de la dette nationale, qui pèse environ 120% du produit intérieur brut (PIB).

Ces échéances surviennent dans un contexte mouvementé, alors que les difficultés des voisins grec et portugais font planer le risque d’une contagion aux autres pays périphériques. Les craintes des agences de notations relatives à la croissance de l'économie transalpine, insuffisante à leurs yeux pour alléger le fardeau de la dette, obscurcissent également l’horizon des investisseurs. Le taux à 10 ans dépasse désormais la barre des 5%, un niveau jamais vu depuis novembre 2008 et le naufrage de Lehman Brothers.

Le spread de l’emprunt de référence contre Bund s’est écarté hier à près de 219 points de base (pb), se rapprochant du point haut atteint le 27 juin à 223 pb. Or, de l’avis des stratégistes taux, l’Italie est probablement l'émetteur périphérique, encore présent sur le marché, le plus sensible à une hausse des coûts de financement. Rome devra s’accommoder de ce contexte peu propice lors de sa prochaine émission attendue mi-juillet. Autour de 5,5-6,5 milliards d’euros à 5 et 15 ans devraient être proposés, anticipe UniCredit. Viendront ensuite des titres à 3 et 10 ans à la fin du mois pour un montant estimé autour de 6,5-7,5 milliards d’euros.

«Vu que la dette arrive à maturité et doit être refinancée, cela va se faire à un niveau plus élevé. D’ici là, l’Italie devra afficher un budget sous meilleur contrôle qu’il ne l’est actuellement, car sinon, le ratio dette/PIB commencerait à accélérer», prévient William De Vijlder, directeur des investissements chez BNP Paribas Investment Partners. Le président italien Giorgio Napolitano a signé hier un plan d’austérité destiné à équilibrer le budget d’ici à 2014. Ce train de mesures, pour un montant de 47 milliards d’euros, doit être validé par le parlement dans un délai de soixante jours. Il n’a toutefois pas réussi à convaincre S&P, qui estime à un sur trois la probabilité d’abaisser la note de crédit de l’Italie dans un délai de deux ans.

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