
L’Europe reste malade de ses lacunes anti-blanchiment
L’Autorité bancaire européenne (EBA), qui s’apprête à quitter Londres, pourrait commencer son séjour parisien avec une méchante affaire sur les bras : l’accusation lancée contre son conseil des superviseurs d’avoir enterré un rapport mettant en cause deux de ses membres régulateurs dans l’énorme affaire de blanchiment qui touche, depuis 18 mois, l’Estonie et le Danemark, via la Danske Bank.
Les accusateurs ne sont pas n’importe qui : si l’un, le député vert allemand Sven Giegold, est un activiste connu de la lutte anti-blanchiment, le second n’est autre que le très modéré vice-président letton de la Commission de Bruxelles, Valdis Dombrovkis, en charge des questions financières.
Celui-ci a jugé, selon le Financial Times, « décevant que le conseil des superviseurs de l’EBA n’ait pas agi dans le cas de la plus grosse affaire de blanchiment qu’ait jamais connu l’Europe ».
Rappelons que le scandale concerne quelque 200 milliards d’euros de flux ayant transité par la filiale estonienne de la Danske Bank entre 2007 et 2015.
Ce genre d’admonestation entre deux instances de l’Union est très rare. Le texte du rapport en possession de l’EBA n’est pas public mais, selon la presse européenne, notamment le FT et Le Monde, il contient quatre accusations précises à l’encontre des régulateurs danois et estonien.
Le Monde assure que le rapport établit que les directives de 2006 sur la consolidation bancaire et de 2013 sur les exigences en capitaux, ainsi que la troisième directive anti-blanchiment de 2005 ont été violées.
Le moins qu’on puisse dire est que l’EBA s’est montrée avare de détails dans son communiqué annonçant sa décision de dédouaner les deux pays de toute infraction au regard de la loi européenne.
Quatre petites lignes sèches composent toute sa communication. Elle ne s’étend pas en particulier sur le débat interne au conseil qui, selon la presse, aurait vu un membre voter contre le dédouanement final et d’autres s’abstenir.
L’EBA a-t-elle cherché à éviter que certains de ses membres danois et estoniens ne soit directement éclaboussés ? Dans ce cas, l’affaire serait sérieuse et bien peu reluisante pour l’institution.
Pour lever la question, une communication claire et nette de sa part sur les raisons pour lesquelles les manquements manifestes de l’Estonie et du Danemark ne lui ont pas semblé constituer des infractions s’avère non seulement souhaitable, mais indispensable.
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