L’Euribor à trois mois bascule en territoire négatif

Le taux de référence interbancaire est passé juste en dessous de zéro en début de semaine. Sa tendance à la baisse ne devrait pas s’inverser.
Solenn Poullennec
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L’assouplissement monétaire dans la zone euro a fait passer l’Euribor à trois mois en territoire négatif. Mardi, l’indice qui donne une indication du prix auquel les banques se prêtent sur le marché interbancaire européen, est passé à -0,001%.

«Compte tenu du niveau de l’Eonia, c’est quelque chose de complètement normal dans le marché actuel et qui va perdurer», assure Fairouz Yahiaoui, gérante chez CPR AM. L’abaissement du taux de la facilité de dépôt de la Banque centrale européenne (BCE) à -0,10% en juin 2014 puis à -0,20% en septembre dernier n’a eu de cesse de tirer les taux monétaires à la baisse. Le mouvement a été encore renforcé par le lancement du programme d’assouplissement quantitatif (QE) de la banque centrale. Fort de ce dernier, l’excédent de liquidité dans la zone euro se situait à 242,7 milliards d’euros hier.

«Plus on a un excédent de liquidité, plus l’Eonia va avoir tendance à se rapprocher de -0,20%. Quand l’Eonia baisse, l’Euribor baisse aussi», résume Patrick Jacq, stratégiste senior chez BNP Paribas. A ses yeux cependant, l’Eonia ne descendra pas plus bas que -14 ou -15 pb. «On pourrait avoir un Euribor à un niveau un peu plus bas que les niveaux actuels mais ensuite il se stabilisera probablement», assure-t-il.

«Pour l’instant, il n’y a pas de conséquence dans la mesure où la plupart des obligations émises ou des prêts sont à Euribor + un spread. Dans les faits, ce n’est pas une révolution mais cela oblige à repricer les choses de façon différente», poursuit Patrick Jacq. «Le fait d’avoir mis un coupon plancher à zéro pour les nouvelles émissions, revient à acter le fait que le taux négatif ne sera pas payé par les porteurs d’obligations», souligne Eric Bertrand, directeur adjoint des investissements chez CPR AM.

«On voit bien que mécaniquement, sur le monétaire, on est poussé à faire plus long en maturité, plus bas en rating et donc plus risqué», poursuit-il. Les professionnels sont d’autant plus résolus à s’adapter que la poursuite du QE jusqu’en septembre 2016 promet de maintenir les taux monétaires à des niveaux très bas. Aux yeux du stratégiste de Barclays, Giuseppe Maraffino, seule une augmentation du risque de crédit, que provoquerait par exemple une aggravation de la situation en Grèce pourrait faire remonter l’Euribor. Et encore, en cas de sortie de la Grèce de la zone euro, l’Euribor trois mois tournerait autour de 15 pb.

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