Les signatures les plus risquées font leur retour sur le marché high yield

Pour la première fois de l’année, des émetteurs notés en catégorie CCC ont émis des obligations. Orange Switzerland a établi un record de rendement.
Alexandre Garabedian

Le marché de la dette à haut rendement en euros descend en gamme. La semaine dernière, deux groupes notés dans la catégorie CCC, la plus basse du compartiment high yield avant le défaut, ont émis des obligations: Orange Switzerland, l’ancienne filiale de l’opérateur français, vendue fin 2014 par Apax à Xavier Niel, et le fabricant allemand de machines d’impression Heidelberger Druckmaschinen.

Les deux entreprises ont été rejointes hier par un autre émetteur allemand, le plasturgiste Kloeckner Pentaplast, qui a levé 300 millions d’euros sur 5,5 ans à un rendement de 7,125% dans le cadre d’un refinancement plus vaste.

Avant ces trois transactions, aucune entreprise notée Caa/CCC ne s’était aventurée sur le marché en 2015. D’ordinaire, les signatures de cette catégorie représentent entre 2% et 6% des volumes d’émissions du marché high yield depuis 2010.

Certains investisseurs préfèrent rester à l’écart, craignant de ne pas être assez rémunérés pour les risques qu’ils prennent. Les conditions actuelles du marché peuvent provoquer quelques froncements de sourcils. Orange Switzerland, qui est certes un opérateur établi mais avec un fort endettement, a ainsi réussi à émettre 250 millions d’euros d’obligations senior unsecured à un rendement de 4,875%, établissant un record pour ce type de titres. En tout, le groupe a mis à prix l’équivalent de plus de 2 milliards de francs suisses de dette avec son emprunt multidevise en quatre tranches. Kloeckner Pentaplast, pour sa part, a été repris par ses créanciers en 2012 et profite de ce refinancement pour leur remonter un dividende après avoir échoué à se vendre au prix souhaité l’an dernier.

Le taux de défaut cumulé des émetteurs CCC examinés depuis 1970 atteint 15% dès la première année et 47% au bout de cinq ans, rappellent les analystes crédit de Deutsche Bank dans leur dernière étude annuelle publiée sur le sujet le 15 avril, en s’appuyant sur les données historiques de Moody’s. Pour l’ensemble du high yield (en dessous de BBB-), ces taux retombent respectivement à 4,3% et 20,5%.

A 1.269 points de base, le niveau de spread moyen sur les titres CCC s’est resserré de 169 pb en 2015. Il permet encore de compenser les pertes constatées lors des cycles passés, calcule Deutsche Bank, à l’exception des pics de 2000 et 2001. Ce n’est pas le cas des nouvelles émissions.

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