Les règles comptables portugaises embellissent la santé des banques

Le ratio core tier 1 prend en compte les actifs détenus par leurs fonds de pension, et les prêts non performants seraient sous-estimés
Violaine Le Gall

Moody’s n’a pas tardé à répercuter la dégradation de la note du Portugal sur le secteur bancaire local. L’agence de notation a abaissé hier matin les notes des obligations bancaires garanties par l’Etat dans la catégorie spéculative. Celles de Caixa Geral de Depositos et de Banco Espirito Santo tombent à Ba1, contre Baa1 et celles de Banco Comercial Portugues et de Banif à Ba2 contre Baa1. Les notes des autres dettes des banques portugaises sont en cours de révision. Pour cela, Moody’s étudie le degré de dépendance des banques vis-à-vis de l’Etat et des institutions européennes et leur sensibilité à l'évolution de la dette souveraine.

Les comptes du secteur bancaire portugais méritent aussi d'être regardés de près. D’abord, la définition du ratio de solvabilité core tier 1 au Portugal prend en compte les actifs des fonds de pension des banques, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays européens. Par conséquent, leurs ratios core tier 1 pourraient être corrigés à la baisse de 0,5 à 2%, expliquaient les stratégistes crédit de BNP Paribas en mars dernier. A fin 2010, ce ratio était compris entre 6,7% et 8,8% pour les grands établissements du pays. En retraitant ces données, les tests de résistance bancaires qui seront dévoilés la semaine prochaine par l’Autorité bancaire européenne devraient permettre de mieux comparer les ratios des banques portugaises à ceux de leurs concurrentes européennes.

La comptabilisation des prêts non performants est également particulière, puisque seuls les impayés supérieurs à 120 jours sont reconnus, contre une norme de 90 jours ailleurs. «Les ratios des prêts non performants sont probablement un peu sous-évalués, en comparaison de ce qu’ils auraient été si les banques intégraient tous les prêts impayés depuis 90 jours et les créances douteuses dans leurs prêts non performants», ajoutait BNP Paribas. Début janvier, Jean-Luc Lepreux, analyste bancaire senior chez SG CIB, avait, dans cette optique, retraité les comptes des grandes banques du pays. Pour lui, les véritables prêts non performants seraient au moins deux fois plus élevés que les niveaux communiqués par les banques portugaises. Par ailleurs, des provisions supplémentaires seraient nécessaires pour atteindre un niveau de couverture des encours douteux «plus confortable».

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