Les manipulations de cours de change échauffent les débats internationaux

Le sujet devrait mobiliser les débats lors du sommet du G20 qui se tient cette semaine en Russie avec en ligne de mire le Japon et la Suisse
Patrick Aussannaire

La guerre des changes est amenée à prendre une place centrale dans les débats internationaux. Le sommet du G20 qui se tient en Russie cette semaine devrait mettre le sujet des manipulations de cours des devises sur le devant de la scène avec une volonté désormais affichée que les cours reflètent plus fidèlement les fondamentaux macroéconomiques, selon le Financial Times. Le Wall Street Journal précise même que les Etats-Unis et l’Europe seraient sur le point de publier un communiqué commun visant à prémunir l’économie mondiale dans un nouvel accès de dévaluations compétitives, grâce au renforcement des engagements pris dans le cadre du G7 d’une détermination libre des taux de change sur les marchés, et non par des interventions unilatérales.

Ce week-end, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, s’est d’ailleurs déclaré favorable à une coordination plus étroite en matière de taux de change. «Je reconnais qu’il existe un risque de dévaluation compétitive. Nous avons récemment alerté le gouvernement du Japon contre des mesures allant dans le sens d’une dépréciation du yen», a-t-il déclaré au magazine autrichien Profil. Jörg Asmussen, membre du conseil de la BCE, a pour sa part estimé qu’il fallait laisser agir librement les forces de marché. Jeudi dernier, Mario Draghi avait craint qu’une forte appréciation de l’euro ne conduise à une révision à la baisse des projections de croissance en zone euro.

Dans le viseur: le Japon qui s’est engagé dans une politique budgétaire et monétaire agressive visant à casser la valeur du yen. Kikuo Iwata, un des candidats potentiels au poste de gouverneur de la BoJ, se prononçait hier dans le Kyodo News en faveur d’une politique monétaire plus accommodante. «La BoJ doit démontrer qu’elle effectue un réel changement de rythme dans sa politique monétaire», a-t-il lancé. Depuis juillet 2012, le yen a chuté de 19% contre dollar et de 31% contre euro.

Mais le Japon n’est pas seul en cause. Un membre du conseil de la BNS, Fritz Zurbruegg, a confirmé la politique de taux de change plancher contre euro de l’autorité suisse en estimant hier que «le franc suisse est toujours surévalué, même si le taux de change a reculé contre euro». Vendredi, le gouvernement vénézuélien a dévalué le bolivar pour la cinquième fois en dix ans, de 32% pour ramener la parité de 4,30 à 6,30 pour un dollar. Une mesure qui retire de 7 à 15 points de PIB sur le déficit budgétaire du pays, et réduit la valeur de sa dette en dollars de 42,9 à 29,3 milliards.

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