Les digues protégeant les «petro-pegs» sont de plus en plus fragiles

Alors que le Kazakhstan a renoncé à son régime de change, Oman s’est dit hier déterminé à protéger la valeur de sa monnaie par rapport au dollar.
Olivier Pinaud

La réunion de la Réserve fédérale des 16 et 17 septembre prochains est marqué au feutre rouge sur les agendas des dirigeants des banques centrales des pays émergents. En renforçant le dollar et en attirant les capitaux, une remontée des taux de la banque centrale américaine ne manquerait pas de provoquer d’importants remous sur les devises émergentes, déjà largement chahutées ces dernières semaines par les conséquences de la chute du prix des matières premières et par la réforme du régime de change chinois.

La dévaluation implicite du yuan a accentué de fait la surévaluation des autres monnaies émergentes encadrées.

Dans ce contexte, la pression monte sur les régimes de change régis par des pegs. «Les marchés s’interrogent sur la résistance des autres pegs et sur le prochain domino qui tombera», indiquent les économistes de Deutsche Bank. Les «pétro-pegs», ceux instaurés par des pays dont la majorité des revenus proviennent du pétrole, sont particulièrement visés.

Le Kazakhstan a déjà capitulé en rase campagne la semaine dernière, en laissant librement flotter sa monnaie. Mais d’autres pays continuent de lutter. Hier, le président de la Banque centrale d’Oman a assuré que le sultanat était déterminé à préserver son peg vis-à-vis du dollar. Le rial est ancré à la monnaie américaine depuis 1986 à une parité de 0,3849 pour un dollar. Avant la déclaration du président de la banque centrale, la valeur des options à un an sur la devise avaient atteint des niveaux record depuis 2006. Le Nigeria, qui a déjà ajusté son peg vis-à-vis du dollar avant l’été, est également de nouveau sous pression, tout comme l’Azerbaïdjan.

«Un peg n’est tenable que si vous gérez un important excédent courant et que vos entrées de capitaux permettent de maintenir la devise», rappellent les experts de TD Securities. Avec ses quelque 660 milliards de dollars de réserves, l’Arabie saoudite, qui s’est également engagée à maintenir son peg, a encore de quoi voir venir. Mais pour les autres producteurs de pétrole, l'équation se révèle beaucoup plus compliquée.

L’an dernier, la Russie avait dû renoncer à sa parité glissante (crawling peg) après avoir dilapidé des milliards de dollars pour tenter de protéger le rouble.

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