Les devises émergentes connaissent un nouvel accès de faiblesse

En dehors du rouble russe qui a dévissé de 12% contre dollar depuis mi-juin, les devises d’Amérique latine sont les plus touchées.
Patrick Aussannaire

Les devises émergentes sont dans l’œil du cyclone. La baisse du prix des matières premières, les inquiétudes sur l’économie chinoise et le lancement attendu du processus de normalisation monétaire de la Fed a entraîné une dégringolade de l’indice JPMorgan «EM FX» à un plus bas historique de 71,88.

Le rouble a été le plus touché avec une chute de 12% contre dollar depuis mi-juin, ce qui a conduit la banque centrale russe à réduire ses rachats de devises étrangères, introduits en mai pour reconstituer les réserves de change. Les interventions répétées des autorités émergentes pour défendre leurs devises ont néanmoins conduit à une érosion de leurs réserves de 575 milliards de dollars sur un an, pour revenir à un niveau de 6.900 milliards à la fin du premier semestre, selon BNP Paribas. «Dans le contexte actuel, ce sont les devises d’Amérique latine qui sont au centre de la tempête», précise en outre SG CIB. Le real brésilien a ainsi cédé 10% de sa valeur contre dollar depuis mi-juin et le peso mexicain 7%, alors que les baisses de la livre turque et du rand sud-africain ont quant à elles été plus limitées à respectivement 4,4% et 4,7%, et que la roupie indienne est même restée stable sur la période. Sur la semaine achevée le 22 juillet dernier, les entrées de capitaux en obligations au sein des pays émergents de 262 millions de dollars n’ont pas permis de compenser les sorties de 492 millions la semaine précédente, alors qu’elles se sont même poursuivies à hauteur de 3,3 milliards sur le marché actions, soit des sorties cumulées de 10 milliards en deux semaines.

La volatilité implicite à un mois de l’ensemble des devises émergentes contre dollar a connu un regain de tension ces derniers jours et tutoie désormais les 20% pour le rouble et le real mais reste faible à 6,5% sur la roupie indienne.

«Les cinq dernières années ont vu en moyenne la volatilité réalisée augmenter au cours du mois d’août avec de forts mouvements directionnels, et le resserrement monétaire imminent de la Fed ne devrait pas remettre en cause cette tendance historique, ajoute SG CIB. La confiance dans les pays émergents reste fragile, l’appétit pour le risque des investisseurs devrait rester déprimé au cours des prochains mois, et les conditions intérieures et extérieures favorisent l’affaiblissement des devises, la hausse des taux et la pentification des courbes».

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