Les banques privées suisses restent optimistes malgré les pressions

Selon Ernst & Young, la gestion de fortune suisse ne craint pas de retraits massifs de capitaux en dépit des menaces sur le secret bancaire
Amélie Laurin

La méthode Coué a des adeptes en Suisse. Malgré le «plaider coupable» de Wegelin et les enquêtes pour fraude fiscale visant dix autres établissements aux Etats-Unis, les banques privées de la Confédération affichent leur confiance en l’avenir. 68 % anticipent une évolution positive ou plutôt positive de leur résultat opérationnel ces six prochains mois, d’après le baromètre des banques suisses 2013 d’Ernst & Young.

L’enquête réalisée en décembre auprès des dirigeants de 120 établissements (à l’exception des leaders UBS et Credit Suisse) montre aussi que seulement 26 % ont vu leur activité baisser en 2012, contre 39 % un an plus tôt. L’évolution est la même (29 % contre 43 %) dans les banques étrangères établies en Suisse, qui ont souvent des divisions de gestion de fortune.

Le niveau de confiance du secteur était toutefois beaucoup plus haut il y a deux ans. Depuis, la remise en cause du secret bancaire s’est intensifiée, tout comme les discussions avec plusieurs pays européens pour une imposition des avoirs non déclarés. Ce processus suscite des réactions divergentes. Les banques privées suisses y sont désormais favorables à 55% (contre 32 % il y a un an), contre seulement 39% des établissements étrangers (56% il y a un an). Parmi ces derniers, 6% anticipent des retraits de fonds dépassant 30% de leurs avoirs sous gestion en Suisse. Mais au total seul un quart des groupes étrangers s’estiment menacés par des fuites de dépôts, contre 35% des banques privées locales. L’enjeu est de taille car la Suisse concentre 27% du marché de la gestion de fortune transfrontalière, d’après le Boston Consulting Group.

Pour autant, «comme l’année dernière les banques interrogées (y compris cantonales et régionales, ndlr) ne craignent pas de sorties significatives de fonds de clients. Et ce, d’une part du fait de la compensation par l’afflux de nouveaux capitaux, et d’autre part, du fait du rejet de l’accord fiscal avec l’Allemagne (par le sénat allemand, ndlr)», écrivent les consultants d’Ernst & Young.

La majorité des sondés n’envisagent pas de «stratégie de l’argent propre» ou de mesures de sécurité renforcées, même si 60% désignent la banque privée comme le secteur financier confronté aux plus gros défis. Un paradoxe déjà soulevé en décembre dans Der Sonntag : «Si le monde était rationnel, la moitié des banques privées suisses devrait disparaître», y prédisaient deux experts de PwC.

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