Les banques centrales émergentes entament un mouvement de resserrement monétaire

L’Inde a surpris les marchés en relevant ses taux. Une politique déjà adoptée au Brésil et qui pourrait être suivie dans les autres pays émergents
Patrick Aussannaire
mouvement de resserrement monétaire
mouvement de resserrement monétaire  -  Photo : Fotolia

Les pays émergents passent à l’action. La banque centrale indienne (RBI) a procédé hier à une hausse surprise de ses taux directeurs de 25 pb pour les porter à 8%. «Nous avons injecté des remèdes, 75 pb de hausse de taux depuis septembre, et nous devons à présent attendre de voir comment ils agissent dans un contexte de faiblesse de l’économie et de stabilisation de la roupie».

Une décision qui «reflète l’adoption implicite des recommandations formulées dans le rapport du gouverneur adjoint Urjit Patel, qui suggèrent l’adoption d’un objectif cible d’inflation CPI assez agressif», selon SG CIB. L’inflation en Inde a ralenti avec la stabilisation de la roupie entre 61,15 et 63,7 contre dollar depuis septembre, mais reste élevée à près de 10%. La roupie avait chuté de 28% en quatre mois pour tomber fin août à un plus bas historique de 68,83.

La banque centrale d’Indonésie a également entamé un resserrement monétaire, avec des hausses de taux cumulées de 175 pb l’an dernier. Après avoir conservé le statu quo depuis novembre, elle pourrait suivre l’exemple indien en février. La roupie s’est dépréciée de 25% contre dollar depuis mai 2013 et de 12% depuis octobre, avec une inflation à 8,38%. Le Brésil a également monté ses taux à hauteur de 325 pb depuis avril pour les porter à 10,5% pour lutter contre une inflation de 5,6% alimentée par la chute du real de 12% contre dollar depuis octobre.

Si la Banque du Mexique a jusqu’ici conservé ses taux inchangés, la hausse de l’inflation a conduit les marchés à anticiper à 62% un durcissement monétaire cette année. Idem pour les instituts monétaires de Corée du Sud, des Philippines, de Taiwan et de Malaisie, qui ont observé le statu quo depuis juin pour soutenir la croissance.

La Chine a quant à elle déjà opté pour un strict contrôle de ses liquidités destiné à endiguer la montée en puissance inquiétante de la finance de l’ombre, avec un objectif affiché de plafond sur les taux courts orienté à la hausse à 5% sur le taux au jour le jour, 7% sur le Shibor 7 jours et 8% sur le Shibor 14 jours.

Des conditions qui, avec le «tapering» de la Fed, pèsent sur les pays émergents mais de manière différenciée. «Les risques politiques sont élevés en Turquie, Ukraine et Thaïlande, et les élections prévues au Brésil, en Inde, en Indonésie, en Afrique du Sud et en Turquie dans les douze prochains mois pourraient créer de nouvelles corrections au sein de ces économies», estime Morgan Stanley.

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