Le yen repart à la baisse dans le sillage de la réunion du G20

Ce matin le yen chutait de 0,7% contre dollar, mais la Corée du Sud menace déjà de mener des politiques de rétorsion pour protéger son économie
Patrick Aussannaire

Le Japon est finalement passé entre les gouttes des remontrances du G20 en matière de manipulation de change. Suite au communiqué (lire page 20) qui n’a pas officiellement condamné la politique menée par les autorités japonaises d’assouplissement monétaire et budgétaire agressif, le yen chutait ce matin de 0,7% contre dollar 94,12 après un rebond qui a vu la parité entre les deux monnaies revenir à 92,20 vendredi. La devise nipponne se rapproche ainsi de son plus haut de 33 mois de 94,47 atteint la semaine dernière. Contre euro, le yen chutait également à 125,35.

Le Premier ministre Shinzo Abe a reconnu ce matin que «plusieurs facteurs sont derrière la baisse du yen. Parmi eux, la politique monétaire joue un rôle majeur». Il s’est en revanche bien gardé de donner un quelconque objectif de taux de change.

La prochaine étape pour le yen sera la nomination du prochain gouverneur de la BoJ. Et tout semble indiquer que Toshiro Muto est aujourd’hui le candidat le plus probable. «La plupart des acteurs de marché s’attendent à la nomination de Toshiro Muto, les chiffres économiques américains continuent de s’améliorer et les investisseurs japonais sont toujours en situation de positions de couverture excédentaires» estime Citigroup qui prévoit ainsi une poursuite de la chute du yen.

De quoi faire bondir l’indice Nikkei de 2,3% ce matin en séance à 11.429,15 points, à seulement 0,6% de son plus haut niveau de 33 mois atteint le 6 février dernier. Les valeurs bancaires et immobilières ont été les principales bénéficiaires de cette hausse. La hausse du Nikkei atteint 30% depuis le mois de novembre.

Dans ce contexte, des mesures de rétorsion unilatérales pourraient voir le jour. «Le Japon devrait maintenir sa politique actuelle. Mais le reste de l’Asie ne va pas rester les bras croisés sans réagir. Ce qui devrait mettre une pression supplémentaire sur les devises asiatiques» estime Yuna Park, stratégiste chez Dongbu Securities. Parmi les principales victimes de cette guerre des changes: la Corée du Sud qui a vu sa devise s’apprécier de 31% contre yen depuis juin 2012 et au plus haut depuis septembre 2008.

Ce matin, le won enregistrait un mouvement de baisse de 0,6% contre dollar, les marchés anticipant déjà un geste d’assouplissement monétaire de la banque centrale du pays. Le gouverneur de la Banque de Corée, Kim Choong-soo, a d’ailleurs prévenu dans un entretien au Wall Street Journal qu’il regardera de près les effets de la politique japonaise sur son économie et pourrait prendre des mesures pour se protéger des entrées massives de capitaux.

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