
Le risque bancaire demeure élevé en Espagne

Les CDS des banques espagnoles se sont nettement resserrés depuis fin juillet, de 500 à moins de 300 points de base pour les principaux établissements, mais le risque bancaire reste toujours le gros problème du pays. Le taux de créances douteuses a atteint un nouveau record en octobre, à 11,2%, selon les statistiques de la Banque d’Espagne publiées hier. C’est la promesse de nouvelles pertes pour un secteur qui a divisé ses profits par près de trois en 2012, selon l’Association des banques espagnoles (ABE).
Le total des encours douteux dans les bilans des banques approche désormais les 190 milliards d’euros, une hausse de 7,4 milliards en un mois. Fin 2011, ils ne dépassaient pas les 140 milliards pour un ratio de 7,8%. La hausse spectaculaire du taux d’encours douteux s’explique aussi par la baisse du dénominateur. Les prêteurs espagnols ont fait dégonfler leurs bilans depuis deux ans, avec une baisse de 155 milliards (-8,4%) par rapport à l’encours de fin 2010.
Il est difficile d’extrapoler directement un niveau de pertes à partir du seul taux de crédits non performants. Le cabinet Oliver Wyman, mandaté cet été pour chiffrer les besoins de recapitalisation du secteur bancaire espagnol, a eu besoin de douze pages pour expliquer la méthode qui lui permettait d’évaluer entre 250 et 270 milliards d’euros le montant cumulé des pertes de crédit sur 2012-2014 dans un scénario pessimiste.
En revanche, certains éléments de ce scénario dit «adverse» sont déjà dépassés. Le taux de chômage, attendu à 25,1% fin 2012, avait déjà franchi cette barre au troisième trimestre. La prévision de baisse de 4,5% des prix de l’immobilier en 2013 contre 19,9% en 2012 apparaît très optimiste alors que le plongeon atteignait 15,2% sur un an fin septembre. Depuis le pic de fin 2007, la correction a certes atteint 26%, mais en Irlande, autre pays touché par une bulle d’ampleur comparable, les prix de l’immobilier ont été divisés par deux en cinq ans.
Dans le même temps, la capacité d’absorption des pertes par les banques se réduit. Le cumul des résultats nets consolidés du secteur pour les neuf premiers mois de l’année a atteint seulement 3,4 milliards d’euros selon l’ABE, contre 9,3 milliards un an plus tôt, en raison d’un effort de provisionnement massif.
«L’approche adoptée pour la recapitalisation du secteur reste trop timide (40 milliards d’euros), et le schéma de la bad bank reste vague. Ce n’est pas le choc de confiance que l’on aurait dû attendre», estime Gilles Moëc, économiste chez Deutsche Bank. Faute d’obtenir de ses partenaires européens une recapitalisation directe du secteur par le Mécanisme européen de stabilité, Madrid a cherché en effet avant tout à minimiser le coût du sauvetage bancaire pour les finances publiques.
La même démarche a prévalu pour bâtir la structure de défaisance des actifs immobiliers toxiques, la Sareb. Celle-ci a finalement annoncé cette semaine qu’une quinzaine d’investisseurs privés, dont les principales banques locales hormis BBVA ainsi que Deutsche Bank, Barclays et Axa, détiendraient 55% de son capital. Un seuil qui permettra au gouvernement de ne pas consolider le bilan de la «bad bank» dans la dette publique.
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