Le QE serait-il mis en péril par une sortie de la Grèce de l’euro ?

Sylvain Broyer, Natixis

Vu son faible poids dans le PIB européen, une sortie de la Grèce n’aurait pas de conséquence tragique sur le tissu économique de la zone euro. Il n’est pas évident non plus qu’un cas de contagion financière aiguë se déclenche.

Les spreads souverains espagnols, italiens et portugais se sont déjà désolidarisés de ceux de la Grèce et tout a été arrangé pour minimiser les conséquences financières d’un tel scénario extrême: très peu de titres de dette grecs s’échangent encore; la BCE n’est pas surexposée massivement, avec 24 milliards d’obligations grecques à son bilan; la réouverture des soldes Target, à 95 milliards contre 30 il y a un an, ne fait pas courir de risque supplémentaire à l’Eurosystème; le risque bancaire a été circonscrit au bilan de la Banque de Grèce; les pertes sur les prêts bilatéraux et sur l’exercice des garanties octroyées à la Grèce au titre du FESF creuseraient les déficits des pays membres de 2% de PIB environ.

Néanmoins, il ne faut pas croire qu’une sortie de la Grèce serait bénigne. Par exemple: en faisant «rétrécir» la zone euro de 19 à 18 membres, une sortie de la Grèce contraindrait probablement la BCE à revenir à l’ancien système de vote des gouverneurs qui prévalait avant janvier 2015 et l’entrée de la Lituanie. Ce système organisé sans rotation des droits de vote au conseil de politique monétaire redonnerait à la Bundesbank un siège permanent. Il diminuerait aussi le «pouvoir pivotal» du Board, c’est-à-dire sa capacité à faire basculer une décision de politique monétaire.

Ceci ne manquerait pas de faire douter les marchés de la volonté de la BCE de mener à terme le QE. Nombre d’investisseurs en doutent déjà vu le regain des contrats d’inflation et les bons chiffres de croissance en zone euro. C’est absurde. Et ils auront tort. Une sortie de la Grèce plaiderait pour une prolongation du QE et l’inflation restera bien inférieure à l’objectif de la BCE en 2016 encore. Néanmoins, les marchés se poseront la question, et ils n’aiment pas ce genre d’exercice.

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