Le Premier ministre grec démissionne pour accroître sa marge de manœuvre

Des élections législatives anticipées devraient avoir lieu dès le 20 septembre. Alexis Tsipras met au pied du mur son parti menacé d’implosion.
Yves-Marc Le Réour

Ayant reçu la première tranche d’aide et remboursé dans la foulée les 3,2 milliards d’euros que le pays devait à la BCE, Athènes n’a pas attendu pour clarifier sa situation politique intérieure. Après avoir rencontré les principaux dirigeants de son parti Syriza et certains ministres, Alexis Tsipras a annoncé hier soir sa démission lors d’une allocution télévisée.

«Le mandat que j’ai reçu le 25 janvier a atteint ses limites», a déclaré le Premier ministre lors de son intervention. «Je ressens profondément la responsabilité morale et politique de remettre à votre jugement tout ce que j’ai fait, mes réussites comme mes échecs», a-t-il ajouté.

Le chef du gouvernement grec ouvre ainsi la voie à des élections anticipées prévues pour le 20 septembre, avait indiqué plus tôt un responsable gouvernemental. Si la perspective de nouvelles élections à l’automne avait été évoquée, cette accélération du calendrier s’explique par la volonté d’Alexis Tsipras de retourner devant les électeurs avant que se fassent sentir les effets des nouvelles mesures d’austérité.

La Constitution grecque prévoit une procédure assez complexe pour l’organisation d'élections anticipées lorsqu’elles doivent se tenir moins de douze mois après le scrutin précédent. Une fois que le Premier ministre aura remis sa démission, le chef de l’Etat, Prokopis Pavlopoulos, devra en premier lieu consulter les dirigeants des autres partis pour voir s’ils sont en mesure de former un gouvernement. Ce n’est qu’en cas d'échec de ces consultations, ce qui semble probable compte tenu de la composition du Parlement, qu’un nouveau scrutin sera organisé.

Alexis Tsipras, qui espère sortir renforcé de ces élections, met ainsi au pied du mur son parti menacé d’implosion. En Grèce, un gouvernement minoritaire doit disposer au sein de sa coalition d’au moins 120 voix au Parlement. Or seulement 118 députés de Syriza et d’Anel, la formation souverainiste de droite associée au parti de la gauche radicale, se sont prononcés en faveur de l’adoption du dernier plan d’aide. Une trentaine de députés de Syriza a voté contre le texte qui a été adopté grâce au soutien des trois grands partis d’opposition.

Si la Commission européenne a salué cette décision, Moody’s estime que ceci «pourrait accroître les inquiétudes sur l’application du programme d’austérité ainsi que les risques sur les futures échéances de dette du pays». Sur le marché obligataire, le rendement des obligations grecques à 10 ans a augmenté de 21 points de base à 9,56%.

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