Le Portugal est la principale victime de la remontée des taux obligataires

Les taux d’emprunt portugais à 10 ans se rapprochent des 7%. Les investisseurs mettent en doute sa capacité à retrouver un accès complet au marché
Krystèle Tachdjian
Pièce de un euro portugais. Photo: PHB
Pièce de un euro portugais. Photo: PHB  - 

La dette portugaise semble cristalliser les inquiétudes des investisseurs obligataires qui se montrent de plus en plus sceptiques sur la capacité du pays à retrouver rapidement un accès complet aux marchés. La perspective d’un resserrement de la politique monétaire de la Fed a accru la volatilité sur les marchés, provoquant depuis une dizaine de jours une forte remontée des taux d’emprunt en Europe. Hier, les rendements portugais se rapprochaient dangereusement du seuil des 7% à environ 6,7% après un bond de quelque 9 points de base.

«La brusque remontée des taux, et le stress sur la liquidité dans les pays émergents font que les investisseurs se posent à nouveau des questions sur les pays en difficultés et la soutenabilité de leur dette. La Grèce a été sous pression récemment. C’est désormais au tour de l’Italie, de l’Espagne, et surtout du Portugal qui est pénalisé par une dette très peu liquide. Les marchés doutent de la capacité du Portugal à retrouver un accès complet au marché, qui était envisagé pour cette année. Or c’est une des conditions pour pouvoir bénéficier du programme OMT de la BCE», explique Patrick Jacq stratégiste taux chez BNP Paribas.

Il estime toutefois que la hausse des rendements sur la dette portugaise n’a pas d’impact immédiat sur la dette du pays car il n’y a pas de besoin de refinancement immédiat mais considère « cela pourrait devenir plus dérangeant sur le long terme».

Le Portugal avait pourtant reçu une bonne nouvelle la semaine dernière en bénéficiant comme l’Irlande d’un report de 7 ans de la maturité des prêts octroyés par le fonds d’aide européen, le FESF. En mai, Lisbonne avait réussi une émission syndiquée à 10 ans pour son premier emprunt à long terme depuis février 2011. Les analystes y avaient vu un signe encourageant de « normalisation » sur le marché de la dette souveraine en Europe, de quoi envisager pour le Portugal une sortie du plan de soutien de la Troïka d’ici mi-2014.

En se disant prête à agir, la BCE avait réussi à apaiser les tensions mais semble aujourd’hui dans l’impasse. Hier, Benoit Coeuré et Mario Draghi ont laissé entendre que la BCE n’avait pas l’intention de relever son principal taux directeur ni d’abandonner ses mesures de soutien exceptionnelles dans un futur proche. Cela n’a pas empêché les emprunts d’Etat européens à 10 ans d’effacer leurs gains de la matinée.

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