Le marché pétrolier écarte l’idée d’un afflux rapide de brut iranien

Les effets de la levée des sanctions sur les exportations de l’Iran devraient commencer à se faire sentir dans un an, selon les experts.
Alexandre Garabedian

L’accord sur le programme nucléaire iranien conclu mardi n’a entraîné qu’une réaction limitée des marchés pétroliers. Malgré une baisse initiale, le cours du baril de brut WTI traitait hier à 52,6 dollars, à un niveau à peu près stable depuis le 6 juillet. Le marché avait connu une évolution similaire le 2 avril après la conclusion d’un protocole d’accord sur ce dossier. La levée des sanctions contre Téhéran, qui plafonnent à un million de baril par jour les exportations du pays, ne laisse pas entrevoir d’afflux massif de pétrole iranien avant un an selon les experts.

Le processus de levée des sanctions pourrait s’étaler jusqu’à fin 2015. Aux Etats-Unis, en vertu de l’Iran Review Act voté cette année, le Congrès dispose de 60 jours pour examiner l’accord une fois qu’il aura été remis aux parlementaires. En cas de refus, puis de veto présidentiel qui entraînerait une nouvelle consultation, la période s’allongerait de 22 jours. La levée des sanctions par les Etats-Unis et l’Union européenne sera elle-même conditionnée aux contrôles de l’IAEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique.

De combien de barils l’Iran pourra-t-il ensuite inonder le marché ? Environ 15 à 20 millions de barils de brut seraient stockés sur des plates-formes maritimes, et pourraient être vendus assez vite, sur deux à trois mois, selon BNP Paribas. Par ailleurs, le pays a produit 2,8 millions de barils par jour (bpj) en juin, près d’un million de moins que fin 2011, lorsque les dernières sanctions ont été votées. «Une fois que l’Iran relancera la production, 400 à 500.000 bpj de plus pourraient être exportés rapidement sur le marché, dans un délai de trois à six mois, avec six mois de plus pour les 300 à 400.000 bpj restants», estime Michael Wittner, analyste chez SG CIB.

Le degré de mise à niveau des installations iraniennes constitue cependant une incertitude majeure. «L’Iran a exploité ses réserves sous de sévères contraintes financières, et a des champs de pétrole lourd matures, deux éléments qui plaident pour une reprise seulement progressive de la production», note l’expert. Pour Harry Tchilinguirian et Gareth Lewis-Daves, analystes chez BNP Paribas, le processus sera long et sinueux. «Mais avec l’Iran de retour du côté de l’offre, et des pays de l’Opep qui maintiennent leur production, le marché cherchera plus que jamais son rééquilibrage du côté d’une baisse de la production de pétrole américain», soulignent-ils.

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