Le franc suisse chute et s’éloigne du taux plancher fixé par la BNS

La Banque nationale suisse ne devrait cependant pas revenir sur ce seuil, mais privilégier plutôt la diversification de ses réserves de change
Patrick Aussannaire

La Banque nationale suisse (BNS) peut remercier Mario Draghi. A la suite du ton moins pessimiste adopté par le gouverneur de la BCE jeudi dernier, le franc suisse s’est vivement déprécié pour franchir la barre de 1,24 contre euro, à un plus bas de 1,2413 mardi. Un niveau record depuis l’instauration du plancher de 1,20 par la BNS le 6 septembre 2011. Contre le dollar, le franc chutait de 1,1% à 93,19. «Cette diminution des risques systémiques confirmée par la BCE a pesé sur le franc suisse, à travers une probable sortie d’une partie des capitaux investis en Suisse d’autant que de plus en plus de banques suisses taxent les dépôts des investisseurs étrangers», explique Natixis.

A titre de comparaison, le franc s’est apprécié contre 14 des 16 principales devises de la planète sur les trois derniers mois de l’année 2012, gagnant notamment 2,7% contre dollar et 14% contre le yen. Une situation qui avait conduit à un gonflement des réserves de change en devises étrangères de la BNS à un record de 429,5 milliards de francs atteint fin septembre 2012. Un niveau qui dépassait même les réserves détenues par la Chine.

Cette tendance à l’affaiblissement du franc pourrait cependant perdurer dans le futur. Les positions spéculatives «parient sur la poursuite de l’appréciation de la parité euro - franc suisse», estime Natixis. En outre, la zone euro a récemment enregistré de fortes entrées de capitaux, ainsi qu’une hausse des dépôts dans les banques des pays périphériques. «Un des éléments clés de la dépréciation du franc – les sorties de capitaux de la zone euro vers la Suisse – pourrait poursuivre son mouvement de détente», indique Citigroup.

Il est cependant peu probable que la BNS abandonne son taux plancher, cette situation lui étant plutôt favorable et lui permettant, comme elle l’a déjà fait à l’automne 2012 quand la parité contre euro a franchi la barre de 1,21, d’exploiter la faiblesse de sa devise pour rééquilibrer ses allocations entre devises étrangères.

En outre, malgré son récent affaiblissement, le franc demeure loin de sa moyenne sur les cinq dernières années, de 1,3796. Par ailleurs, l’économie suisse s’est enfoncée dans la déflation en décembre avec un indice des prix à la consommation en chute de 0,4% en rythme annuel. «Les exportations sont faibles et l’inflation négative. Il n’y a donc aucune urgence», estime Bernard Lambert de Pictet & Cie.

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