Le crédit en zone euro reste gelé malgré l’embellie des marchés

Le sondage de la BCE auprès des banques témoigne d’un resserrement des conditions de prêt aussi bien pour les entreprises que pour les ménages
Solenn Poullennec
Nommé 1

La distribution de crédit reste en berne en Europe. Tel est l’enseignement du sondage trimestriel mené par la BCE auprès de 131 banques entre mi-décembre et mi-janvier. «L’amélioration des conditions de marchés ne s’est pas encore fait sentir sur les décisions des banques qui sont toujours déterminées par l’aversion pour le risque», résume Gizem Kara, chez BNP Paribas.

Au quatrième trimestre de 2012, le resserrement des conditions de distribution de crédit aux entreprises est presque aussi important que lors des trois mois précédent: le pourcentage net des banques qui ont témoigné d’un resserrement est passé de 15% à 13%. Et les PME sont à peine moins touchées que les grandes sociétés (12% contre 15%). Pour expliquer ce tour de vis, les banques se disent surtout inquiètes des perspectives de croissance. D’ailleurs, elles n’espèrent pas être moins tâtillonnes au premier trimestre 2013.

Les banques ne sont pas plus bienveillantes vis-à-vis des ménages, au contraire. Les conditions de prêt sont devenues encore plus strictes au dernier trimestre pour ces derniers (18% contre 13%), qu’ils demandent un crédit immobilier ou à la consommation. Là encore, les établissements invoquent des perspectives économiques moroses et attendent un nouveau resserrement au premier trimestre.

Non seulement l’offre reste sous contrainte mais la demande de crédits continue d'être déprimée. Le repli de la demande des entreprises «est stable dans l’ensemble» mais reste très important: (-26% net ce trimestre contre -28%). La baisse de la demande est moins drastique qu’au troisième trimestre 2012 pour les crédits immobiliers (-11% contre -25%). Cependant, les banques s’attendent à ce qu’elle augmente. La contraction reste aussi significative pour la demande de crédits à la consommation (-14% contre -22%) et devrait se stabiliser à ce niveau.

Le sondage «met mal à l’aise alors que la politique monétaire de la BCE se resserre du fait de la réduction de son bilan à un point bas depuis février 2012», écrit Kit Juckes chez SG CIB. Cette semaine, les banques ont rendu à la BCE une part beaucoup plus importante que prévu (137,2 milliards d’euros) de leur emprunt à trois ans (LTRO) de 2011. Et le faible montant emprunté lors des opérations récentes à une semaine (124,3 milliards d’euros, mais -1 milliard en net) et un mois (3,7 milliards) prouvent qu’elles ne sont pas retournées au guichet de la banque sur des maturités plus courtes.

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