Le choc politique irlandais ouvre la voie à une renégociation du plan d’aide

La coalition sortante a essuyé une défaite cinglante. Le nouveau gouvernement va tenter d’adoucir la potion administrée par l’UE et le FMI
Antoine Duroyon
Bureau de vote en Irlande le 25 février. Photo: Bloomberg
Bureau de vote en Irlande le 25 février. Photo: Bloomberg  - 

Humilié. Le Fianna Fail, le parti de centre droit au pouvoir en Irlande depuis quatorze ans, a subi vendredi une défaite cuisante lors des élections législatives. La coalition qu’il forme avec les Verts paie aujourd’hui le prix politique d’un plan de sauvetage financier conspué par la population. Avec un taux de participation avoisinant les 70%, les Irlandais ont manifesté sans ambiguïté leur refus de mesures d’austérité qu’ils jugent exorbitantes. Le Fianna Fail, parti du Premier ministre sortant Brian Cowen, n’arrive qu’en troisième position avec 17,4% des votes. Il a sombré à Dublin, ne réussissant à séduire que 8% des électeurs.

Pour le Fine Gael (centre droit), arrivé largement en tête avec 36,1% des suffrages, mais qui devrait composer avec les travaillistes du Labour (19,4%) dans le cadre d’une coalition, le mandat est clair : renégocier les termes du plan d’aide. Le nouveau Taoiseach (Premier ministre) pressenti et leader du Fine Gael, Enda Kenny, prévoit de présenter ses doléances dès vendredi à Helsinki où se réunit le Groupe du parti populaire européen, quelques jours avant un sommet de la zone euro le 11 mars à Bruxelles. Enda Kenny devrait plaider pour un abaissement du taux d’intérêt de 5,8% appliqué aux prêts d’urgence. Mais il ne fait guère de doute qu’en retour, la chancelière allemande Angela Merkel pointera du doigt le laxisme irlandais en matière de fiscalité des entreprises.

Lors de leur campagne électorale, le Fine Gael et le Labour ont par ailleurs demandé à ce que les créanciers obligataires seniors supportent les coûts de recapitalisation d’institutions financières défaillantes. Les économistes jugent toutefois cette perspective peu probable. Morgan Stanley estime en revanche que «le spectre d’une décote de la dette bancaire senior sera vraisemblablement utilisé pour securiser un coup de pouce supplémentaire au système bancaire irlandais». Le Fine Gael a par ailleurs fait d’autres propositions qu’il entend bien pousser grâce à sa nouvelle stature, notamment permettre au Fonds européen de stabilité financière de contribuer directement à la recapitalisation des banques irlandaises. Ce dossier sera prioritaire pour le nouveau gouvernement, intronisé le 9 mars, le ministre des Finances Brian Lenihan ayant décidé de reporter après les élections des injections de capitaux dans plusieurs établissements.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...