Le Brésil fait face au défaut de son cinquième plus grand Etat

Rio Grande do Sul n’a pas pu honorer une dette de 72 millions d’euros et ne peut plus payer ses fonctionnaires.
Olivier Pinaud

Entre le scandale de corruption politico-financier qui menace le pouvoir de la présidente Dilma Rousseff et les conséquences de la récession, le gouvernement brésilien avait déjà fort à faire. L’Etat de Rio Grande do Sul vient ternir un peu plus le tableau. Situé aux frontières de l’Argentine et de l’Uruguay, le cinquième plus grand Etat brésilien n’a pas pu honorer une dette de 280 millions de réaux (environ 72 millions d’euros).

Selon le secrétaire d’Etat aux Finances brésilien, Rio Grande do Sul est incapable de faire face à ses obligations, étranglé par une dette totale de 62 milliards de réaux (16 milliards d’euros), dont la quasi-totalité est détenue par l’Etat central. Le traitement des fonctionnaires n’a pas pu être versé pour le mois de juillet. Pour se protéger, l’Etat fédéral a activé le 19 août une clause lui permettant de conserver les recettes fiscales devant initialement revenir à Rio Grande do Sul. Les obligations en dollars de l’Etat cotent juste au-dessus de 80 cents et les rendements culminent au-delà de 11%, rendant impossible tout refinancement sur le marché.

Le montant de la dette totale de Rio Grande do Sul est limité, représentant 1,7% du total de la dette de l’Etat central. Mais Brasilia comptait bien dans son budget sur le service de la dette. A lui seul, Rio Grande do Sul devait apporter 3% des revenus 2015 du Brésil, selon les projections du FMI. «Ce défaut tombe au mauvais moment pour le gouvernement alors qu’il peine à tenir son objectif d’un excédent primaire de 0,15% du PIB en 2015, déjà revu à la baisse par rapport à l’objectif initial de 1,1%, avec un déficit de 0,8% à fin juin», s’inquiètent les analystes de RBS.

Les difficultés de Rio Grande do Sul illustrent la profondeur de la crise qui ébranle l’économie brésilienne, minée par une inflation de près de 10% et une récession promise pour durer jusqu’à fin 2016. Les banques, qui ont profité entre 2010 et 2014 des crédits bon marché distribués par la banque nationale du développement, sont fortement exposées aux entreprises et aux ménages. Or, le taux de défaut des entreprises a bondi de 12,5% depuis le début de l’année et le chômage vient d’enchainer sept mois de hausse consécutifs pour atteindre 7,5% en juillet.

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