L’acquisition de Lyxor par Amundi masque une lente consolidation de la gestion d’actifs française

Malgré la pression des taux bas et la concurrence internationale, les fusions et acquisitions sont restées modestes.
Jean-Loup Thiébaut, avec Laurence Marchal
Lyxor est spécialisée dans les ETF et les comptes gérés
Lyxor, spécialisée dans les ETF et les comptes gérés, a été rachetée pour 825 millions d’euros par Amundi.  - 

Amundi-Lyxor aura été le mariage de l’année dans la gestion d’actifs française. Finalisé ce vendredi 31 décembre, le rachat de Lyxor pour 825 millions d’euros doit permettre au géant français et numéro un européen de continuer à peser dans l’arène internationale, grâce au savoir-faire de l’ex-filiale de la Société Générale dans les ETF et les comptes gérés. Les encours apportés par Lyxor (165 milliards d’euros à la fin juin) devraient également faire croître ceux d’Amundi (1.811 milliards fin septembre) de près de 10%. L’opération avait été annoncée en avril dernier.

La filiale cotée de gestion d’actifs du Crédit Agricole a également réalisé ou annoncé quelques petites opérations sur 2021, dont l’achat de l’activité de gestion d’actifs de la Banque de France, qui lui apporte environ 300 millions d’euros d’encours, et la cession prochaine de 4% du capital de SBI Funds Management Private Limited, sa coentreprise en Inde avec la banque State Bank of India, dans le cadre de l’introduction en Bourse de cette société.

Séparation d’Ostrum AM et de LBPAM

Natixis IM a connu, pour sa part, une année jalonnée de difficultés. De potentiel candidat au rachat de Lyxor à la fin 2020, la filiale du groupe BPCE a finalement dû opter pour des désunions. Une partie à trois entre La Banque Postale, CNP Assurances et le groupe BPCE a provoqué l’échec du rapprochement entre Ostrum AM (ex-Natixis AM) et La Banque Postale AM (LBPAM). Natixis IM a été contraint, après une année seulement, de racheter la part de son partenaire dans ce qui devait former un grand pôle de gestion assurantielle. L’entité avait pourtant réussi à réunir 430 milliards d’euros d’actifs, dont 140 milliards apportés par LBPAM. Dans le cadre du même accord, la filiale a également dû acquérir les 40% de LBPAM dans la société de gestion immobilière AEW Europe. Au total, Natixis IM aura déboursé 240 millions d’euros dans ces opérations, alors que l’apport des activités de La Banque Postale avait été valorisé à 116 millions d’euros, selon les documents de fusion publiés lors du rapprochement avec Ostrum.

Cette sortie de LBPAM n’est pas forcément négative pour Natixis. La filiale du groupe BPCE, qui a été sortie de la cote par sa maison mère en février dernier, pourrait à l’avenir introduire sa division de gestion d’actifs en Bourse. Le directeur général de Natixis, Nicolas Namias, a ainsi récemment déclaré qu’il souhaitait que sa société joue un rôle de consolidateur, notamment en Asie, et qu’il envisageait «la possibilité de coter en Bourse l’activité de gestion d’actifs afin de financer un important projet de fusion acquisition». Et être le seul maître à bord, à l’exception de quelques boutiques dont il partage encore le capital avec leurs fondateurs, devrait lui faciliter la tâche. Parallèlement, détenir 100% du capital d’Ostrum AM, contre 55% avant la séparation, pourrait lui permettre d’intégrer plus facilement de nouveaux partenaires tout en y restant majoritaire.

L’année 2021 a également été marquée par l’annonce d’une sortie prochaine de Natixis du capital de son affilié H20 AM, qui connaît d’importantes difficultés depuis l’été 2019. Toutefois, l’opération semble prendre du temps. Annoncé le 5 janvier, le rachat des 50% de Natixis IM par les propriétaires de la société de gestion est toujours en discussion.

Parmi les autres grandes sociétés de gestion françaises, BNP Paribas AM s’est contentée de racheter Dynamic Credit Group, une boutique néerlandaise de neuf milliards d’euros d’encours spécialisée dans la dette privée. La maison de la rue d’Antin s’est davantage consacrée à la création de sa plateforme de délégation de gestion en architecture ouverte, lancée en juin dernier, et baptisée AMSelect. Aviva Investors France a, de son côté, changé d’actionnaire avec le rachat de sa maiso mère Aviva France par Aéma, puis changé de nom pour Abeille Asset Management.

Un nouvel acteur fait sensation

La consolidation du marché français de la gestion d’actifs aura finalement été bousculée par un nouvel entrant, Sienna IM. La société belge, détenue par la holding cotée Groupe Bruxelles Lambert (GBL), jusqu’ici spécialisée dans le private equity, a fait sensation en réalisant coup sur coup trois acquisitions dans l’Hexagone. Après avoir acheté le gérant immobilier L’Etoile Properties, et ses sept milliards d’euros d’encours, la firme a acquis Malakoff Humanis Gestion d’Actifs (20 milliards d’euros d’encours), la filiale de gestion de l’assureur éponyme, puis la boutique Acofi, qui lui apporte 2,4 milliards d’euros d’encours. Sienna IM, qui a annoncé sa volonté de jouer un rôle de consolidateur, a donc multiplié par 11 ses trois milliards d’euros d’encours d’origine en l’espace de six mois. Le directeur de GBL, Ian Galienne, a par ailleurs annoncé récemment sa volonté de lancer ses propres fonds Sienna IM, notamment dans l’immobilier, le digital ou la croissance.

Dans l’univers des boutiques, les acquisitions couvrent l’ensemble des spécialités de gestion, comme les actions (petites et grandes), les obligations, la gestion diversifiée, et la gestion alternative. Les cibles ont toutefois en commun d’avoir le plus souvent entre 10 et 20 ans d’existence : Métropole Gestion a ainsi été rachetée par Oddo BHF AM, Actis AM par la Financière Arbevel, Ellipsis AM par Kepler Chevreux, Delta AM par Dôm Finance, ou encore Financière Tiepolo par J. de Demandolx Gestion. Seule Meeschaert AM, rachetée par LFPI, puis qui a fusionné avec la filiale Amilton AM, est plus âgée.

Des cabinets de conseil en gestion de patrimoine, aidés financièrement par des fonds de private equity, ont également réalisé quelques opérations. Le groupe Cyrus, qui possède déjà une société de gestion en interne (Invest AM), et qui est soutenu par le fonds Bridgepoint, a acquis Amplegest et Altixia REIM. Son concurrent Crystal, très actif dans la consolidation du secteur des CGP, et qui a pour actionnaire majoritaire le fonds Apax Partners, a, pour sa part, mis la main sur WiseAM. Enfin, le groupe Premium, détenu par Eurazeo, a, lui, choisi de racheter Ferri Gestion.

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