L’accord sur le nucléaire iranien provoque espoirs et incertitudes

Les cours du baril ont été chahutés par la perspective d’un afflux de pétrole iranien. Mais le marché intérieur nourrit toutes les ambitions
Antoine Landrot

L’accord sur le nucléaire iranien obtenu entre Téhéran et le groupe «P5+1» (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie et Chine) a suscité de nombreuses réactions hier. En échange d’un gel de son programme nucléaire pendant 10 ans, assorti d’un système d’inspections, l’Iran – qui aura accès à plus de 100 milliards de dollars d’avoirs gelés – va réintégrer l’économie mondiale.

Les marchés pétroliers ont été les plus indécis. Parce que la levée des sanctions internationales implique la possibilité pour l’Iran d’accroître ses exportations de brut et de peser sur un marché déjà excédentaire, les cours du baril de brent et du WTI ont chuté à l’annonce de l’accord. Mais ils se sont repris, les investisseurs réalisant que ce retour serait progressif – et sensible seulement à partir du second semestre 2016. Le contrat à terme du brent a ainsi terminé en hausse de 66 cents (à 58,51 dollars le baril), après avoir perdu près de deux dollars dans la journée.

L’accord implique aussi l’ouverture du marché iranien, fort de 80 millions d’habitants. Chaque pays y est allé de ses prévisions. En France, les industries automobile et pétrolière, qui peuvent se targuer d’une présence importante dans le pays par le passé, sont particulièrement concernées. PSA Peugeot Citroën a annoncé dès hier être en discussions avancées en vue de la constitution d’une société commune avec son partenaire local historique Iran Khodro.

Les exportateurs allemands ne sont pas en reste. La Fédération de l’industrie BDI s’attend à voir les exportations allemandes quadrupler, pour passer à 10 milliards d’euros dans les prochaines années. Les biens d’équipement, l’automobile, la chimie, la pharmacie et les énergies renouvelables sont en tête de pont. L’Italie, elle, évalue à trois milliards ses exportations potentielles.

Menacée par l’afflux d’hydrocarbures iraniens, la Russie compte reprendre ses livraisons d’armement et convoite le marché du nucléaire civil. L’Inde compte également tirer profit de la situation, en particulier dans le domaine agricole (riz, sucre et soja notamment). La Fédération des organisations indiennes d’exportation (FIEO) estime ainsi que l’accord pourrait accroître les exportations vers l’Iran de plus d’un tiers, à six milliards de dollars, cette année.

Reste que les entreprises européennes, qui avaient déserté ce marché depuis les sanctions, auront fort à faire face à leurs concurrents chinois et coréens, déjà en place.

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