La zone euro condamnée à concilier deux conceptions de la monnaie unique

Les débats sur la Grèce ont consacré deux conceptions différentes, mais heureusement pas divergentes, de l’euro. Reste à les concilier dans la durée.
Philippe Mudry

Si les Parlements concernés suivent aujourd’hui les dirigeants de la zone euro, celle-ci aura préservé son avenir, et tel était bien l’essentiel. Après avoir donné naissance à l’idée européenne, il ne sera pas dit que le destin de la Grèce la condamnait aussi à y mettre fin. Que les débats aient été longs, tendus, voire violents, n’est qu’anecdotique. L’important est qu’au-delà des personnalités, des postures, des circonstances, des mots parfois sources d’incompréhension et de ressentiment, 19 opinions publiques européennes aient, par le biais de leurs représentants et dans le cadre de leurs institutions, finalement considéré que le devenir de ce bien commun qu’est l’euro justifiait des concessions d’une ampleur extraordinaire.

Pour les partenaires de la Grèce, la facture se montera en toute hypothèse à plusieurs centaines de milliards d’euros; le peuple grec, lui, s’apprête à connaître une nouvelle et terrible épreuve pour prix de son incapacité, unique en Europe, à faire fonctionner son Etat correctement. Pour lui, le grand défi sera enfin d’en construire un, sans feinte et résolument car le retour à une véritable confiance est à ce prix. Peut-être le référendum surprise, censé lui «rendre sa dignité» et qui n’aura été qu’une tragique erreur, contribuera-t-il à le faire mûrir. Il ne peut plus exister, dans l’Europe interdépendante d’aujourd’hui et assiégée de toutes parts, de solution solitaire; seule la démarche collective, pour contraignante et imparfaite qu’elle soit, peut être source de progrès politique et de progrès tout court.

Pour ses partenaires aussi, la restauration de la confiance réciproque est prioritaire. Au plus fort de la crise, deux conceptions de l’euro se sont en effet affirmées, voire affrontées, l’une centrée sur l’absolue nécessité d’appliquer les règles préalablement acceptées par tous, l’autre voyant dans la monnaie unique un outil de solidarité, quitte à aller parfois à la limite des traités. L’Allemagne a symbolisé la première analyse, la France la seconde et les autres pays ont été amenés à prendre position sur ce point. A ce stade, l’accord conclu lundi démontre qu’elles ne sont pas forcément incompatibles. Mais il implique un renforcement urgent et indispensable des règles de fonctionnement de l’euro, ce dont conviennent les protagonistes. Il devra concilier les deux approches et c’est à ce creuset-là que devra être reforgé l’irremplaçable axe franco-allemand.

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