La réforme du LME inquiète les producteurs d’aluminium

Le London Metal Exchange veut obliger les entreprises spécialistes du stockage, détenues par les banques, à livrer plus rapidement la marchandise
Solenn Poullennec

La Bourse des métaux, le London Metal Exchange (LME), est écartelée entre les demandes contradictoires des producteurs et des utilisateurs d’aluminium. Elle a lancé une consultation l’été dernier pour tenter d’apaiser les tensions soulevées par les pratiques de ses membres spécialistes du stockage de matières premières. Ses propositions sont cependant loin de faire l’unanimité.

Les réformes envisagées, pour lesquelles la période de commentaire vient de se refermer, visent les propriétaires de hangars qui mettent plus de cent jours à livrer leur marchandise. Le LME veut les forcer à accélérer les livraisons pour rassurer les utilisateurs qui se plaignent d’une augmentation des prix liée à ces délais. Un hangar qui livre 3.000 tonnes de métal par jour devrait ainsi livrer 1.500 tonnes de plus que ce qu’il prend en dépôt.

Devant le Sénat américain cet été, le patron du brasseur MillerCoors a accusé les détenteurs de hangars de le faire attendre jusqu’à 18 mois pour livrer sa cargaison. Et ce, dans le but de faire monter les prix. Selon lui, les acheteurs d’aluminium ont ainsi perdu 3 milliards de dollars l’année dernière. L’industriel a pointé du doigt la responsabilité des banques comme Goldman Sachs et JPMorgan ainsi que celle du courtier Glencore, qui possèdent les principaux lieux de stockage rattachés au LME. Les pratiques de ces derniers font d’ailleurs l’objet d’enquête des régulateurs américains.

Les propositions du LME sont cependant controversées. Le producteur Rusal souligne que l’aluminium livré par les hangars du LME ne représente que 5% environ de la consommation mondiale du métal. Il s’inquiète de la mise sur le marché rapide d’importantes quantités d’aluminium et assure que la réforme ne fera «qu’augmenter les distorsions». Le groupe plaide en revanche pour le développement de nouveaux hangars et la publication de données du marché. Le producteur Alcoa a répondu au LME dans le même ton.

Même chez les acheteurs de métal, les propositions de la Bourse - rachetée par celle de Hong Kong en 2012 - sont critiquées. Selon Bloomberg, une organisation rassemblant des brasseurs et des fabricants de boissons américains (dont le Beer Institute et l’American Beverage Association) juge les propositions insuffisantes et même «arbitraires». Le LME devrait prendre une décision en octobre sur la réforme du stockage et éventuellement la mettre en œuvre en avril prochain.

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