La position des porteurs de dette bancaire junior se fragilise

Après l’affaire SNS Reaal, les lourdes décotes imposées aux créanciers de Banco de Valencia sèment le doute sur les dettes bancaires subordonnées
Krystèle Tachdjian

Les porteurs de dette subordonnée financière viennent de subir un nouveau coup de canif avec des décotes allant de 85% à 90% du pair infligées aux créanciers de Banco de Valencia par le Frob. Le fonds public d’aide au secteur bancaire espagnol a publié la semaine dernière les détails de la participation des créanciers au plan de résolution de la banque. Après la nationalisation des dettes juniors du néerlandais SNS Reaal, véritable coup de tonnerre sur le marché du crédit, il s’agit de la plus importante perte imposée aux créanciers subordonnés d’une banque de la zone euro depuis le début de la crise.

Ces pertes importantes sont justifiées par «un partage équitable des coûts de restructuration et de résolution» de la banque afin de réduire le coût des aides publiques, a précisé le Frob. Le fonds, qui a injecté 5,5 milliards d’euros dans Banco de Valencia, avait indiqué en novembre qu’il comptait céder l’établissement à Caixa Bank pour 1 euro symbolique. Cette vente avait été soumise à une série de conditions dont la mise en place d’opérations sur titres concernant les dettes hybrides et subordonnées de la banque en difficulté. Dans une note récente, Moody’s estime que ces décotes sont négatives non seulement pour les créanciers juniors de Banco de Valencia mais aussi pour les détenteurs de titres de dette subordonnée émis par les autres banques en Europe.

L’agence souligne qu’il est «important de noter que tant les investisseurs institutionnels que particuliers subiront le même niveau de perte». Le Frob fait toutefois la distinction entre les différents types d’instruments que les créanciers recevront en compensation: les institutionnels se voyant octroyer des actions et les particuliers des obligations convertibles.

Pour Gabriella Serres, analyste chez Aurel BGC, ces annonces confortent son «opinion très négative» sur les dettes subordonnées émises par les banques espagnoles nationalisées et celles ayant eu recours à l’aide de l’Etat pour se recapitaliser. Jusque-là, les créanciers seniors n’ont pas été sollicités. Ils disposent en principe d’un répit jusqu’à l’entrée en vigueur, prévue en 2018, des régimes européens de résolution dit «bail in» pour les dettes senior. Mais certains banquiers redoutent une mise en application anticipée du dispositif dès 2015. En attendant, il existe un risque de voir le coût d'émission de dette junior se renchérir.

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