
La justice américaine inculpe un trader britannique pour manipulation du marché
Le «flash crash» de mai 2010 à Wall Street fait à nouveau parler de lui. Le département américain de la Justice (DoJ) a annoncé hier soir avoir inculpé de manipulation sur le marché à terme Navinder Singh Sarao, un trader britannique de 37 ans, soupçonné d’avoir joué un rôle clé dans cet événement. Le 6 mai 2010, les trois grands indices boursiers de Wall Street avaient brutalement plongé de près de 10% - le Dow Jones avait ainsi chuté de 600 points en cinq minutes - avant de rebondir et d’effacer une partie de leurs pertes. Cet épisode avait illustré la part grandissante des transactions à haute fréquence.
La tendance ne s’est pas améliorée depuis lors, si l’on en croit le dernier rapport semestriel sur la stabilité financière publié la semaine dernière par le Fonds monétaire international (FMI). L’institution y désigne le trading à haute fréquence comme l’un des facteurs contribuant à une volatilité accrue des marchés financiers. Cette pratique représente par exemple 50% des échanges sur des marchés au comptant des emprunts d’Etat américains et entre 60 et 70% sur les marchés à terme.
Le trader inculpé se serait servi d’un programme de transactions automatisées pour passer simultanément de multiples ordres de vente à différents prix et dans de grands volumes pour donner l’illusion d’une offre abondante. Il les aurait modifiés fréquemment pour les maintenir près des cours du marché puis les aurait annulés sans les exécuter. Une fois la baisse des cours enclenchée, il aurait vendu des contrats à terme pour les racheter à un cours inférieur. «La manipulation présumée de Sarao lui aurait fait réaliser des profits considérables et aurait contribué à un plongeon majeur du marché boursier américain», souligne le DoJ dans son communiqué. C’est la première fois que les régulateurs américains laissent entendre qu’une manipulation du marché a joué un rôle dans le «krach éclair» de mai 2010.
Navinder Singh Sarao a été arrêté hier par la police britannique pour fraude électronique et manipulation. Il comparaîtra aujourd’hui devant un juge du tribunal de Westminster, a précisé la police de Londres. Le DoJ a de son côté indiqué qu’il avait demandé son extradition. En parallèle, la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), le régulateur américain chargé de superviser les produits dérivés, a engagé des poursuites au civil contre le trader, en le présentant comme un «acteur très important du marché».
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Paris - La Bourse de Paris évoluait en légère baisse mercredi, les investisseurs se montrant prudents après l’intervention du président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Jerome Powell. L’indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, perdait 0,15% vers 10H00 heure locale, soit une baisse de 12,19 points pour s'établir à 7.859,83 points. La veille, l’indice vedette de la Bourse de Paris avait avancé de 0,54%, pour s'établir à 7.872,02 points. Une semaine après que la Réserve fédérale américaine (Fed) a procédé à sa première baisse des taux depuis décembre 2024, le président de l’institution Jerome Powell a mis en garde mardi contre des baisses «trop soutenues» des taux directeurs qui feraient déraper l’inflation. Les investisseurs dans les actifs jugés plus risqués comme les actions «n’ont pas forcément apprécié le ton prudent de Jerome Powell», a estimé Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. «Le ton prudent de Powell a trouvé écho dans les divisions du comité (monétaire de la Fed, NDLR), maintenant les anticipations de baisse de taux avant la publication en août de l’indice PCE, la mesure d’inflation préférée de la Fed, explique Matt Britzman, analyste actions chez Hargreaves Lansdown. Une autre responsable de la Fed, Michelle Bowman, avait en effet plaidé plus tôt mardi pour continuer à baisser les taux directeurs, en estimant que l’institution devait agir de manière «résolue» et «préventive» pour préserver le marché du travail. Enfin, Stephen Miran, jusque-là conseiller économique de Donald Trump et qui vient d’intégrer l’institution sur proposition du président américain, est quant à lui un fervent défenseur des taux bas. Il avait plaidé pour un abaissement plus franc des taux directeurs, d’un demi-point d’un coup, lors de la dernière réunion de la Fed. La défense dans le vert Le Kremlin a estimé mercredi que le rapprochement entre Washington et Moscou initié par Donald Trump donnait des «résultats proches de zéro», au lendemain d’une brusque volte-face du président américain qui s’en est pris à la Russie et a soutenu l’Ukraine. La veille, après avoir reproché à l’Inde et à la Chine d'être «les premiers soutiens financiers» de la machine de guerre russe en Ukraine depuis la tribune de l’ONU, Donald Trump a aussi estimé que Kiev pourrait «regagner son territoire dans sa forme originelle et peut-être même aller plus loin» face à la Russie. Il a aussi jugé que les pays de l’Otan devraient abattre les appareils russes violant leur espace aérien, après trois incursions de drones ou avions de combat russes sur le territoire de l’Alliance en moins de deux semaines. Ces propos ont entrainé «un regain d’intérêt pour les valeurs de la défense», commente Kathleen Brooks. Le groupe industriel français de défense Thales prenait 1,92% à 255,20 euros et Dassault Aviation gagnait 2,12% à 288,80 euros vers 10H00 à Paris. Stellantis voit rouge Le géant européen de l’automobile Stellantis s’apprête à mettre temporairement à l’arrêt cinq de ses usines en Europe, d’après le quotidien économique français Les Echos, en plus de l’usine française de Poissy, près de Paris, où 2.000 salariés seront au chômage partiel en octobre. Les usines concernées se trouvent en Allemagne, en Italie, en Pologne et en Espagne, d’après le journal. Le titre Stellantis perdait 2,31% à 8,28 euros, signant la plus forte baisse sur le CAC 40 en début de séance mercredi. Euronext CAC40 © Agence France-Presse