La Grèce risque d’aggraver son cas avec son plan d’austérité

L’ajustement proposé par Athènes, de 7,9 milliards d’euros sur deux ans, repose sur des hausses d’impôts et de charges néfastes à la croissance.
Alexandre Garabedian

Athènes soigne le mal par le mal. Alors qu’une nouvelle réunion des ministres des Finances de la zone euro est prévue en soirée à Bruxelles pour tenter de nouer un accord entre la Grèce et ses créanciers, l’optimisme retrouvé des marchés financiers européens doit être tempéré. Le plan que le gouvernement d’Alexis Tsipras a proposé à ses partenaires pour décrocher les 7,2 milliards d’euros d’aide que le pays attend, risque en effet de précipiter un retour en récession.

La Grèce a présenté à ses créanciers un programme d’ajustement budgétaire de 7,9 milliards d’euros sur deux ans, dont 2,7 milliards cette année et 5,2 milliards l’an prochain. Une somme que le gouvernement ira d’abord chercher dans les poches des citoyens et des entreprises. Le gros de l’ajustement budgétaire viendra en effet d’une hausse de la TVA (1,36 milliard en 2016), des cotisations de Sécurité sociale et de retraite (1,86 milliard), et d’impôts sur les bénéfices des sociétés et sur les Grecs les plus aisés (2,2 milliards sur deux ans).

«Ces propositions ont un effet très récessif et saperont la compétitivité du pays, mais c’est un objectif secondaire aux yeux des créanciers par rapport à la consolidation budgétaire», estimait hier Michael Michaelides, stratégiste taux chez RBS. Alors que la Commission européenne prévoit encore une croissance de 0,5% cette année dans le pays, un chiffre optimiste compte tenu du coup d’arrêt subi depuis la victoire de Syriza aux élections de janvier, RBS estime que le produit intérieur brut grec pourrait se contracter d’au moins 1% en 2015.

«Le plan des autorités grecques pourrait améliorer de 1,5% la position budgétaire structurelle en année pleine, calcule de son côté Malcolm Bar, économiste chez JPMorgan. En prenant un multiplicateur budgétaire proche de 1, ce plan d’austérité amputerait de 1,5 point la croissance des 12 mois suivant la mise en œuvre de l’accord».

Ironie de l’histoire, la Grèce devra s’infliger en 2015 et en 2016 une purge équivalente à celle qui était prévue pour le pays dès juin 2014, avant que Syriza ne se lance dans un bras de fer avec ses créanciers. A la différence près que le pays devait à l’origine récolter cette année les premiers fruits d’un retour à la croissance. La stratégie de négociation d’Alexis Tsipras se solde donc pour l’heure par un échec complet, d’où les réactions ulcérées de plusieurs députés Syriza hier face à ces concessions.

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