La Grèce aura du mal à remplir ses nouveaux objectifs de privatisation

L’accord sur le lancement d’un troisième plan de sauvetage de la Grèce prévoit que le pays dégage 50 milliards d’euros via les privatisations.
Solenn Poullennec

La Grèce est de nouveau priée de dégager 50 milliards d’euros grâce aux fruits des privatisations alors que ses créanciers avaient dû revoir à la baisse cet objectif lors des précédents programmes et que le parti d’Alexis Tsipras avait commencé par marquer sa désapprobation vis-à-vis du processus de cessions d’actifs publics.

«Les actifs grecs de valeur seront transférés dans un fonds indépendant qui les monétisera via des privatisations et par d’autres moyens», précise le communiqué du sommet européen du 12 juillet qui a ouvert la voie à un troisième plan de sauvetage grec. Le fonds de privatisation, qui doit permettre de générer 50 milliards d’euros de revenus au cours de la période de prêt du Mécanisme de stabilité européen (ESM), soit trois ans, est censé rembourser la recapitalisation des banques à hauteur de 25 milliards d’euros. Le sommet européen a par ailleurs exigé «une meilleure gouvernance du programme de privatisation» : «sur la base des meilleurs pratiques internationales, un cadre législatif devra être adopté pour garantir des procédures transparentes et un calcul adéquat du prix de cession des actifs».

Ces promesses paraissent d’autant plus difficiles à tenir que les créanciers demandaient déjà à la Grèce en 2011 de dégager 50 milliards d’euros en cinq ans via des privatisations. Cet objectif a d’abord été reporté au-delà de 2015 avant d’être revu significativement à la baisse. Au printemps 2014, les créanciers n’attendaient plus que 22,3 milliards d’euros de ces privatisations. Or, selon les chiffres du fonds de privatisation (HRADF) grec, rapportés par Bloomberg, des accords ont été trouvés pour quelque 7,7 milliards d’euros de privatisations, mais seulement 3,5 milliards d’euros ont été effectivement versés.

En 2014, le Fonds monétaire international (FMI) déplorait que le fonds de privatisation n’ait pas assez de contrôle effectif sur les entreprises qu’il est censé conduire à la privatisation et que le gouvernement ne joue pas toujours son rôle pour accompagner les ventes. Alors que celui-ci est censé détenir 70.000 propriétés à vendre, les informations sur celles-ci sont «dépassées et beaucoup [de propriétés] sont occupées ou font l’objet de déclarations de propriété contradictoires», notait le FMI. La situation a encore évolué avec l’arrivée au pouvoir de Syriza au début de l’année alors que le parti avait dénoncé les privatisations pendant sa campagne et a remplacé les dirigeants du fonds dès le mois de janvier.

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