La Grande-Bretagne préserve les porteurs d’obligations d’Etat indexées

Londres a décidé de maintenir la formule de calcul de l’inflation. Une réforme à la hausse aurait pesé sur les rendements des Gilts indexés
Krystèle Tachdjian

Les détenteurs d’obligations d’Etat britanniques indexées sur l’inflation peuvent souffler. Déjouant les pronostics des analystes, la Grande-Bretagne a finalement décidé de maintenir sa formule de calcul de l’indice des prix de détail, le retail prices index (RPI), la référence historique outre-Manche. Cette décision de l’Office national de la statistique (ONS) a été prise hier après une phase de consultation.

Le RPI se base sur une moyenne arithmétique des hausses de prix. Le scénario central de la réforme consistait à opter pour une moyenne géométrique - c’est à dire que les biens pris en compte pour le calcul de l’indice évoluent en fonction des prix - comme pour l’indice CPI (Consumer Index Price), sur lequel se fonde la Banque d’Angleterre. Principale conséquence : cela aurait conduit à faire baisser le RPI, traditionnellement supérieur au CPI, et entraîné par la même occasion une baisse des rendements des obligations indexées.

La décision de ne pas changer l’indice semble avoir été dictée par la volonté de ne pas interférer sur le marché des emprunts d’Etat indexés, souligne David Tinsley économiste à Londres chez BNP Paribas CIB. La baisse des coupons aurait certes permis de réduire la charge de la dette pour l’Etat britannique en économisant environ 3 milliards de livres (3,7 milliards d’euros) par an, selon la banque, mais les risques de s’attirer les foudres de multiples intervenants sur le marché ont incité Londres au statu quo. Le gouvernement n’a manifestement pas voulu contrarier les investisseurs et mettre à mal ses capacités de refinancement sur les marchés à l’heure où la Grande-Bretagne lutte pour résorber son déficit budgétaire. Moody’s a jugé hier cette décision favorable pour le secteur des utilities britanniques estimant que cela réduit leur risque financier.

En choisissant de ne pas jouer la carte de l’harmonisation avec les autres pays en Europe, le gouvernement de David Cameron s’évite aussi un bras de fer avec les syndicats et retraités dont les pensions sont indexées sur l’inflation. La réforme attendue de l’indice avait entraîné une réduction des points morts d’inflation, l’écart de rendement entre les emprunt d’Etat classiques et les obligations indexées. L’absence de modification de la formule de l’inflation a provoqué hier un rally des indexées britanniques, avec une hausse de 40 pb des breakeven à 10 ans.

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