La Fed se fracture sur l’avenir de son programme de rachat d’actifs

Plusieurs membres ont estimé lors de sa dernière réunion qu’il serait approprié de ralentir ou d’arrêter les rachats avant la fin de l’année
Patrick Aussannaire

La Fed se divise. «Plusieurs membres ont estimé qu’il serait approprié de ralentir ou d’arrêter les rachats avant la fin de l’année 2013, faisant état de leurs inquiétudes sur la stabilité financière ou la taille du bilan» indiquent les minutes de la dernière réunion de décembre du comité de politique monétaire (FOMC), publiées hier soir.

En effet, si l’autorité continue ses rachats à un rythme de 85 milliards de dollars par mois sur l’ensemble de l’année 2013, elle ajouterait 1.000 autres milliards à son bilan, actuellement de 2.900 milliards. 45 milliards de dollars de rachats mensuels d’obligations du Trésor ont été ajoutés aux 40 milliards d’obligations adossées à des créances hypothécaires que la Fed rachète déjà chaque mois depuis septembre.

Malgré ces doutes, les partisans d’une poursuite de l’assouplissement sur l’ensemble de l’année semblent majoritaires. Les minutes indiquent que «quelques-uns» des 12 membres du FOMC sont favorables à la poursuite des rachats jusqu’à fin 2013. Auxquels s’ajoutent même les «quelques autres» qui souhaitent «un assouplissement considérable» sans pour autant fixer de montant ou de calendrier, laissant ainsi entendre que deux à trois membres soutiennent une prolongation du QE3 au-delà de 2013 et/ou une accélération du rythme mensuel. Les investisseurs commencent ainsi déjà à anticiper une prochaine « normalisation » de la politique monétaire américaine.

Suite à la publication des minutes, le rendement des obligations d’Etat américaines à 10 ans s’envolait à 1,908%, son niveau le plus élevé depuis mai dernier. Une tendance qui pourrait se poursuivre si le taux de chômage reculait au rythme des derniers mois, ce qui entrainerait, selon Aurel BGC, «des perturbations sur l’ensemble des marchés qui pourraient engendrer une nouvelle phase d’incertitude exacerbée et un nouveau durcissement des conditions de financement de l’économie».

En décembre, la Fed avait indiqué qu’elle conserverait ses taux proches de zéro tant que le taux de chômage restera au-dessus du seuil de 6,5% et que l’inflation restera sous les 2,5%. Or, le taux de chômage a chuté de 8,3% en juillet à 7,7% fin novembre, et les chiffres publiés hier par l’ADP montrent que le secteur privé a créé 215.000 emplois nets en décembre. Un chiffre nettement supérieur au consensus qui tablait en moyenne sur 140.000 et qui correspond aux créations nettes d’emplois les plus fortes en dix mois.

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