La Fed conserve sa mainmise sur la courbe des taux américaine

Le report de la normalisation monétaire et le discours «dovish» de la Fed ont entrainé un affaissement brutal de la courbe de 15 pb.
Patrick Aussannaire

En maintenant sa politique de taux zéro la semaine dernière, la Fed a surtout cherché à conserver la main sur l’ensemble de la courbe des taux. Sur la partie courte, après avoir brièvement franchi jeudi le seuil de 0,8% pour la première fois depuis plus de 4 ans, le rendement des Treasuries à 2 ans a ensuite subi une correction de 15 points de base (pb), la plus violente en séance depuis six ans et demi, après l’annonce du statu quo. En le faisant revenir à un niveau de 0,65%, la Fed a ainsi réussi à éviter un choc trop brutal sur la partie courte de la courbe. Depuis son point bas de 0,22% de mai 2013, la moyenne à 28 jours du rendement à 2 ans est progressivement remontée à un niveau de 0,7% qui n’avait pas été atteint depuis le mois de mars 2011.

«Les gérants d’actifs augmentent leurs positions acheteuses sur le 10 ans, et leurs positions vendeuses sur le 2 ans», explique BNP Paribas. Ce qui suggère un aplatissement de la courbe sur la partie 2-10 ans. Le nouvel abaissement de l’estimation du taux Fed funds «naturel» de long terme de 25 pb ainsi ramené à seulement 3,5%, alors que les membres du comité de politique monétaire prévoient dans leurs «dots» une hausse de taux cette année, puis 4 en 2016, 5 en 2017 et 3 en 2018 pour un taux final de fin de cycle à 3,375%, la Fed cherche à limiter la hausse des taux longs. «On reste dans le scénario d’un cycle de hausse des taux qui n’a rien d’une normalisation, qui tient plus d’un léger resserrement et qui en tout état de cause resterait largement inférieur aux cycles précédents», estime Natixis.

Le rendement des Treasuries à 10 ans se détendait d’ailleurs de 10 pb après l’annonce de la Fed. A 2,11% en moyenne depuis le début de l’année, il est inférieur de 40 pb au taux moyen sur 2014, et bien loin de ses plus hauts de 3% de septembre 2013 et janvier 2014. Même le rendement à 30 ans est passé sous les 3% et reculait encore vendredi à 2,95%. «Le taux à 30 ans est environ 300 pb au-dessus de la zone des taux Fed funds, ce qui offre toujours une forte décote pour une hausse des taux longs à moyen terme», estime ING. Un écart qui a une forte influence sur le taux hypothécaire à 30 ans. Si 13 membres sur 17 du FOMC anticipent toujours une hausse de taux avant la fin de l’année, les marchés ne donnent plus à ce scénario qu’une probabilité de 50%.

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