La débâcle d’Archegos Capital ravive les craintes autour des banques

La liquidation des positions du fonds spéculatif entraîne de lourdes pertes pour Nomura et Credit Suisse. Le secteur s’est retrouvé sous pression en Bourse.
Bertrand De Meyer
Bureaux de Credit Suisse à Hong Kong
Des rumeurs font état de 3 à 4 milliards de dollars de pertes pour Credit Suisse.  -  Photo Credit Suisse. (Bureaux à Hong Kong)

Archegos Capital jette un froid sur les valeurs bancaires. Le family office qui gère la fortune du financier Bill Hwang et utilise la dette pour démultiplier sa force de frappe n’a pu faire face aux appels de marge de ses contreparties. Cette situation a provoqué le débouclage en urgence de ses positions, entraînant plus de 20 milliards de dollars de cessions depuis vendredi à Wall Street et sur le marché chinois. Non sans conséquences pour ses banques. «Bien qu’il soit prématuré à l’heure actuelle de quantifier l’ampleur exacte de la perte résultant de cette sortie, elle pourrait être très importante et matérielle pour nos résultats du premier trimestre», indiquait lundi Credit Suisse, sans nommer Archegos Capital. La banque suisse n’a pas voulu donner plus d’éléments, alors que des rumeurs font état de 3 à 4 milliards de dollars de pertes.

En faisant référence à un événement qui «s’est produit qui pourrait exposer l’une de ses filiales américaines à perte significative résultant de transactions avec un client américain», Nomura indiquait elle prévoir des pertes importantes de 2 milliards de dollars (1,7 milliards d’euros) sur les prix de marché du 26 mars 2021. Elle a aussi annulé une émission obligataire. Les actions des deux groupes ont dégringolé en Bourse, Nomura clôturant en baisse de 16,3% alors que Credit Suisse a perdu 13,8%.

Des activités lucratives mais risquées

Ces prévisions ont pesé sur l’ensemble des valeurs bancaires. L’indice Euro Stoxx Banks, qui regroupe les principales banques de la zone euro, a clôturé en baisse de 1,29%. Credit Suisse a précisé dans son communiqué corroboré par le régulateur suisse que «d’autres banques sont en train de sortir de ces positions». Citée, Deutsche Bankindique n’avoir subi aucune perte vendredi. UBS ne souhaite pas commenter. De l’autre côté de l’Atlantique, Morgan Stanley et Goldman Sachs, à la baguette lors des ventes vendredi, n’ont pas apporté de précisions mais semblent avoir évité le pire en réduisant leur exposition à temps. En France, toutes les bancaires ont clôturé en baisse, la Société Générale signant la pire performance du CAC 40 à -2,41%.

Si la peur d’un risque systémique est relativisée par plusieurs analystes, le niveau d’exposition de chaque banque est au centre des attentions. Les activités de prime brokerage, qui consistent à financer les fonds spéculatifs, sont aussi lucratives que risquées pour les banques d’investissement : certaines, comme BNP Paribas, en ont fait un axe de croissance. Dans le cas d’Archegos, le fonds utilisait des produits dérivés tels que des swaps et des contracts-for-difference signés avec des banques, et qui lui permettaient de prendre des positions dans des sociétés comme ViacomCBS et Discovery sans détenir les titres sous-jacents, rapportait lundi Bloomberg. Le family office ne communiquait pas sur ses positions car son statut lui permettait de rester dans l’opacité.

D’autres fonds pourraient avoir profité des opportunités offertes par les marchés depuis un an, reposant la question du management du risque par les banques. La vente de plus de 20 milliards de dollars d’actions vendredi pourrait n’être que le début des liquidations de positions financées par de la dette. Aux niveaux de valorisations actuels en Bourse, des mouvements de vente forcée conjugués à un effet de levier élevé peuvent entraîner un effet boule de neige. Mais à la différence des accidents de 2007-2008, ou encore de la faillite de LTCM en 1998, les banques d’investissement sont bien mieux capitalisées, et les banques centrales soutiennent le marché, comme elles l’ont prouvé il y a un an.

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