La contraction de l'économie japonaise met les «abenomics» à l’épreuve

Le recul de 1,6% du PIB au deuxième trimestre pourrait inciter les autorités à mettre en œuvre de nouvelles mesures pour accélérer la sortie de la déflation.
Xavier Diaz

Après deux trimestres de croissance, l’économie japonaise cale de nouveau. Son produit intérieur brut (PIB) s’est contracté au deuxième trimestre de 1,6%, en rythme annualisé (-0,4% par rapport au premier trimestre). Il avait bondi de 4,5% entre janvier et mars (chiffre revu en hausse). Ce repli, attendu, est moins élevé que ne le prévoyaient les économistes (-1,9%, selon le consensus Reuters). La Banque du Japon avait d’ailleurs révisé en baisse ses prévisions de croissance et d’inflation (+1,7% et 0,7% respectivement) pour l’année fiscale 2015-2016 mi-juillet en anticipation du ralentissement au deuxième trimestre.

Cette contraction n’en montre pas moins les difficultés du Premier ministre Shinzo Abe à sortir son pays de la déflation malgré les importants stimuli monétaires et budgétaires mis en œuvre. En cause, le recul plus important qu’anticipé de la consommation intérieure (-0,8%) en raison des conditions climatiques, la faiblesse de l’investissement (-0,1%) mais aussi des exportations, principalement à destination des Etats-Unis et de l’Asie. Le ralentissement chinois et ses conséquences sur l’ensemble de la région ont sans conteste un effet sur l’économie japonaise.

Reste à savoir si cet accident de parcours est durable ou simplement conjoncturel, comme dit le ministre de l’économie, et s’il donnera lieu ou pas à une intervention de la Banque du Japon. Les économistes de Nomura pensent que cela ne devrait pas amener l’institution monétaire à prendre de nouvelles mesures car le PIB a de grandes chances de rebondir au troisième trimestre: «La consommation privée devrait se reprendre grâce aux hausses de salaires, les dépenses d’investissement des entreprises se rétablir et les exportations repartir grâce à la croissance aux Etats-Unis et dans la zone euro».

Néanmoins, ce rebond risque d’être limité. «Entre une confiance du consommateur toujours faible et une croissance toujours modérée des salaires, les dépenses de consommation resteront peu dynamiques», juge Harumi Taguchi, économiste chez IHS Global Insight. C’est l’évolution du sentiment des acteurs économiques qui va être le point clé, notamment le prochain rapport Tankan d’octobre.

«Le gouvernement devrait mettre en œuvre de nouvelles mesures économiques lors de la session parlementaire extraordinaire de l’automne pour accélérer la sortie de la déflation. Nous anticipons également une accentuation du programme de rachat d’actifs (QQE) par la BoJ en octobre», estime SG CIB.

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