La chute du taux de chômage ébranle la communication de la Banque d’Angleterre

A 6,9% fin février, il est passé sous le seuil des 7% anciennement affiché par la BoE comme déclencheur d’un cycle de normalisation monétaire
Patrick Aussannaire

Les chiffres du chômage au Royaume-Uni font officiellement tomber la «forward guidance» mise en place par la BoE. A 6,9% sur trois mois glissants, le taux de chômage est non seulement au plus bas depuis février 2009 mais est surtout symboliquement passé fin février sous le seuil des 7% anciennement affiché par la BoE comme déclencheur d’un cycle de normalisation monétaire, avant d’opter en février pour une approche plus qualitative à l’approche de son franchissement. Une amélioration de l’emploi largement portée par les emplois à plein temps, avec une poursuite de la hausse du taux de participation qui, à 63,8%, a atteint son plus haut niveau depuis 2006.

«La baisse du taux de chômage devrait se confirmer le mois prochain si l’on en croit les statistiques publiées en parallèle qui décrivent l’évolution de l’emploi au mois le mois et non en tendance», ajoute même Natixis. RBS table sur un taux de chômage à 6,4% fin 2014. De quoi compliquer la communication de la BoE, avec une accélération de la croissance des salaires totaux à un rythme de 1,7%, après 1,4% en janvier.

Une hausse néanmoins temporaire liée au paiement des bonus versés en avril l’an dernier pour des raisons fiscales, et qui traduit «une croissance stable des salaires réels, après prise en compte de l’inflation», rappelle Barclays. L’inflation sous-jacente est restée stable à 1,6% en mars, du fait de l’appréciation de 8,2% du taux de change effectif de la livre sur un an en mars. RBS prévoit une hausse contenue à 1,7% à la fin de l’année puis à 2,1% fin 2015, en ligne avec l’objectif de la BoE.

Dans ce contexte, «il y a peu de raisons que la BoE dévie de sa position implicite exprimée en février qui confirme les attentes de marché d’un premier relèvement des taux directeurs début 2015», estime BNP Paribas. Avec une croissance qui devrait atteindre 2,9% cette année, mais reculer à 2,1% en 2015, ainsi que «la persistance d’importants déséquilibres structurels» selon RBS, le risque pour la BoE est d’être «behind the curve», alerte ainsi SG CIB.

D’autant que l’autorité semble caler ses pas sur ceux de la Fed, comme en témoigne l’évolution comparée des rendements d’Etat à 10 ans britanniques et américains qui affichent une différence d’un petit point de base et un coefficient de corrélation historique de 0,93, contre seulement 0,5 entre les taux 10 ans américains et allemands. Or, les marchés anticipent un premier geste de la Fed dès mars 2015.

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