La chute du réal coupe les voies de financement en dollars du Brésil

Si le souverain emprunte peu en dollars, ses grandes entreprises publiques, comme Petrobras, sont contraintes de revenir sur le marché local de la dette.
Olivier Pinaud

Seul le peso colombien fait pire. Avec une chute d’un peu plus de 25% depuis le début de l’année, le réal brésilien affiche la deuxième plus mauvaise performance de toutes les devises émergentes. Le réal est à ses plus bas niveaux de ces douze dernières années, à 3,65 pour un dollar, miné par la situation de l’économie du pays, qui devrait rester en récession jusqu’en 2016, et les menaces qui pèsent sur la tête de la présidente de la République Dilma Rousseff.

En plus du scandale de corruption qui ébranle son parti, la présidente est suspectée de falsification de comptes publics. Selon un procureur de la cour des comptes brésilienne (TCU), Dilma Rousseff a fait décaler l’année dernière le versement de 40 milliards de réaux (10,15 milliards d’euros) de prestations sociales afin d’améliorer artificiellement les comptes publics.

La chute du réal a peu d’influence directe sur la dette du Brésil. 80% provient de son marché domestique, a rappelé en milieu de semaine le directeur de l’agence de financement du pays. En revanche, les grands émetteurs brésiliens, parfois détenus partiellement par l’Etat, commencent à payer le prix fort. Les corporates nationaux affichent 418 milliards de dollars de dette libellée en devises étrangères, trois fois plus qu’en 2008 lorsque la crise avait envoyé au tapis plusieurs émetteurs de dette. Depuis, les entreprises ont adopté des mesures de couverture face au dollar mais le coût de ces instruments a aussi fortement augmenté.

Dans ce contexte, Petrobras, la compagnie pétrolière du pays dont l’Etat fédéral détient directement 50,3% du capital, est contrainte de se réfugier sur le marché obligataire local pour se financer. Cela ne lui était pas arrivé depuis quinze ans. Le rendement de ses obligations en dollars à échéance 2024 culmine depuis quelques jours autour de 8,5%. Son coût est 248 points de base supérieur à la moyenne des émetteurs également notés Ba2 par Moody’s.

Le sidérurgiste CSN est quant à lui engagé dans une renégociation de dette portant sur 1,9 milliard de dollars qu’il doit rembourser dans deux ans. Le groupe envisage des cessions d’actifs pour desserrer le collier financier.

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