La Chine peut-elle influencer les décisions de la BCE et de la Fed ?

La crise des grands émergents n’arrange pas la position de la BCE, avant sa réunion du 3 septembre. Pour la Fed, la situation est plus indécise.
Sylvain Broyer, Natixis

Les marchés financiers ont fortement – certainement trop – réagi aux inquiétudes sur la croissance chinoise. Comment ces mouvements peuvent-ils influencer la BCE et la Fed ?

Pour la BCE, qui se réunit le 3 septembre, les effets de la crise des grands émergents n’arrangent pas la situation. L’appréciation de l’euro et l’affaissement des cours des matières premières ont envoyé les anticipations d’inflation au plus bas depuis janvier 2015 (1,6% pour le 5 ans dans 5 ans inflation swap). La probabilité de revenir à la stabilité des prix d’ici à la fin du QE en septembre 2016 a donc encore diminué et celle que la BCE doive se résoudre à allonger la durée du QE a augmenté. La banque centrale européenne doit-elle pour autant engager des mesures supplémentaires dès le 3 septembre ? Non. Elle peut, dans un premier temps, se contenter d’intervenir verbalement en soulignant qu’elle reste vigilante afin d’affaiblir à nouveau l’euro et attendre la décision de la Fed le 17 septembre.

Pour la Fed, la situation est plus indécise. La majorité des Dots continue d’envisager au moins une hausse des taux cette année. Seulement 2 des 17 votants sont d’avis d’attendre 2016. La baisse du yuan affecte le dollar et l’inflation risque d’être trop faible pour justifier une hausse des taux en septembre. Mais la situation économique des Etats-Unis nécessite une normalisation de la politique monétaire : le chômage est à son taux d’équilibre, l’activité dépend peu des émergents (5% de la valeur ajoutée sert la demande finale des émergents, contre 7,4% pour le G7 et 11% pour l’Allemagne) et si la Fed ne fait rien cette année, elle n’aurait aucune marge de politique monétaire conventionnelle face à un nouveau ralentissement.

En fin de compte, c’est probablement la stabilité financière qui emportera la décision : si la Bourse américaine se reprend suffisamment d’ici au 17 septembre, il n’y aura pas d’obstacle à une hausse des taux.

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