La Chine est prête à sacrifier sa croissance pour endiguer la hausse des prix

Discutant avec des internautes, le Premier ministre a estimé la croissance à 7% par an sur la période 2011-2015, contre 11,2% entre 2006 et 2010
Patrick Aussannaire

La guerre de Pékin contre la hausse des prix est loin d’être terminée. Lors d’un «chat» avec des internautes, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a estimé hier que la stabilité sociale du pays ne pouvait être garantie qu’en arrivant à juguler les pressions inflationnistes, au prix d’un sentier de croissance revu à la baisse. «Le Parti et le gouvernement ont toujours érigé en priorité le maintien des prix à un niveau stable» a-t-il réaffirmé. Même si les objectifs officiels de croissance se révèlent fréquemment inférieurs à la réalité, Wen Jiabao a dit s’attendre à une croissance annuelle du PIB de 7% entre 2011 et 2015, contre une moyenne de 11,2% sur les 5 dernières années (pour un objectif de 7,5%).

Des appels à la manifestation lancés sur les réseaux sociaux souhaitant s’inspirer de la «Révolution de jasmin» tunisienne, même si elle a été matée par les forces de l’ordre chinoises et limitée du fait de la censure de l’information, ont poussé Pékin à sortir du bois afin de rétablir la confiance de la population dans la capacité des autorités chinoises à juguler la hausse des prix alimentaires et des matières premières.

Le gouvernement peut s’appuyer sur un arsenal de mesures déjà déployées pour endiguer la hausse des prix et ses conséquences sur l’économie réelle. La hausse de 50 points de base du ratio des réserves bancaires à 19,5%, mais également des nouvelles mesures visant à décourager les non résidents à investir dans l’immobilier chinois en sont les plus récentes et symboliques illustrations. Dans le sillon de Pékin, qui impose à présent aux investisseurs étrangers, qui pèsent 30% du marché immobilier local, de payer l’équivalent de 5 ans de taxe foncière avant toute acquisition, plusieurs autres villes chinoises ont suivi cette réglementation afin de freiner la hausse des prix immobiliers.

Dans le même temps, le président de Bank of China, Xiao Gang, estimait dans le journal People’s Daily qu’il existe des marges de manœuvre à la fois pour augmenter les taux d’intérêts mais également pour poursuivre la réévaluation graduelle du yuan comme instruments de lutte contre la hausse des prix. Après avoir un plus haut de 17 ans il y a une semaine à 6,5654 dollars, le yuan est revenu à 6,5771 ce matin. Les taux anticipés suggèrent une hausse de 2,4% sur les 12 prochains mois, après une appréciation de 3,8% depuis juin 2010.

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