La Banque de Suisse envoie un nouveau signal au marché des changes

La BNS a élargi le champ des contreparties soumises à la rémunération négative de leurs dépôts, alors que les pressions à la hausse sur le franc s’accentuent.
Alexandre Garabedian

La Banque nationale suisse (BNS) ne ménage personne, pas même son propre fonds de pension. Ce dernier sera soumis, comme d’autres entités publiques, à la rémunération négative des dépôts laissés à la banque centrale, a annoncé celle-ci hier. Après l’abandon du taux plancher de 1,20 franc face à l’euro le 15 janvier, la BNS a abaissé jusqu’à -75 points de base le taux de sa facilité de dépôt pour endiguer le bond de sa devise, mais elle avait exempté de cette mesure un certain nombre d’investisseurs publics. Une décision qui lui avait valu les critiques de l’industrie des assureurs santé et des fonds de pension privés.

L’annonce d’hier a fait reculer le franc contre les principales devises. «Elle pousse ces déposants à répercuter le coût de la mesure ou à changer leur allocation au profit d’autres devises», explique Josh O’Byrne, stratégiste change chez Citigroup. Face à l’euro, le franc suisse est passé de 1,028 à 1,037 mercredi après-midi.

Outre le fonds de pension de la BNS, celui de la Confédération, Publica, qui gère 38 milliards de francs, sera aussi soumis aux taux négatifs. Seuls échappent encore à la mesure les comptes de l’administration fédérale auprès de la banque centrale et ceux des fonds de compensation pour les personnes âgées. La banque centrale surveillera cependant de près leur encours de dépôts. Au total, les dépôts à la BNS atteignaient 443 milliards de francs fin février.

La mesure d’hier est jugée limitée par les économistes. L’effet devrait être le plus fort chez Publica, dont 35% des actifs pourraient être en dépôts à vue, selon les stratégistes de SG CIB. La BNS envoie surtout un signal de vigilance au marché alors que les pressions à la hausse du franc se sont accentuées ces dernières semaines, faute de résolution du dossier grec. De 1,07 face à l’euro début mars, la devise s’est régulièrement appréciée depuis. «La décision de la BNS accroît les chances d’un nouvel abaissement des taux d’intérêt en territoire négatif, surtout face au risque d’un choc lié à la Grèce», note Sébastien Galy, chez SG CIB.

Dans l’immédiat, un autre rendez-vous attend Thomas Jordan, le président de la BNS: l’assemblée générale de ses actionnaires, qui se tient demain. L’annonce choc du 15 janvier et ses conséquences sur le marché des changes et l’économie suisse devraient y être chaudement débattues.

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