La banque centrale de Turquie abat sa dernière carte

Selon les économistes, seule une hausse de 300 à 400 pb des taux lors de la réunion d’urgence de mardi 28 janvier aurait permis d’endiguer la chute de la livre
Alexandre Garabedian

Nouveau ratage interdit pour la banque centrale de Turquie. L’institution, qui a grillé la semaine dernière une partie de ses munitions en s’abstenant de remonter ses taux pour contrer la chute de la livre turque, aura droit à une deuxième chance ce soir. Elle a annoncé hier la tenue d’un comité de politique monétaire impromptu dont les décisions seront annoncées à minuit, heure locale. Seule une hausse massive des taux permettrait d’éteindre l’incendie sur les marchés, estiment les économistes.

L’extrême volatilité de la livre turque hier illustre l’ampleur des enjeux. La devise est passée en matinée de 2,336 à 2,39 contre le dollar, soit une dépréciation de 2,3%. L’annonce de la réunion d’urgence de ce jour a provoqué un violent mouvement inverse, avec un retour vers les 2,31 en quelques minutes. La livre n’en reste pas moins à ses niveaux historiques les plus bas face au billet vert.

L’annonce de mesures détournées de resserrement de la liquidité bancaire, le 21 janvier, a accéléré le mouvement vendeur sur la devise. Les interventions directes de la banque centrale sur le marché des changes, qui l’ont conduite à brûler 3,5 milliards de dollars de réserves selon les estimations, n’ont pas inversé la tendance.

«Nous nous attendons à ce que l’institution prenne une décision courageuse pour contenir la chute de la livre. Une hausse seulement limitée des taux ferait courir le risque d’une poursuite de la dépréciation du taux de change et constituerait un nouveau coup à la crédibilité de la banque centrale», estimait hier Selim Çakir, chef économiste de TEB, la filiale de BNP Paribas dans le pays.

L’institution s’en est déjà montrée capable par deux fois, lors d’un comité intérimaire en 2006, avec une hausse de 225 points de base du taux directeur, et lors d’une réunion ordinaire en 2011, avec une hausse de 350 pb qui concluait déjà des mois de vaine résistance contre les attentes du marché. «Un relèvement des taux du même ordre, autour de 300-400 pb, est nécessaire», poursuit Selim Çakir, par rapport à un taux marginal de prêt au jour le jour à 7,75% aujourd’hui. Les économistes d’UBS tablent eux aussi sur un resserrement de 300 à 400 pb, forcément préjudiciable à la croissance; mais dans le cas contraire, la correction de la livre serait encore plus brutale, prédisent-ils.

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