
ICE s’affirme en géant mondial des dérivés

Créé il y a douze ans, le groupe américain Intercontinental Exchange (ICE), va devenir un géant de la négociation et de la compensation des produits dérivés listés et échangés de gré à gré en mettant la main sur les activités de l’opérateur historique Nyse Euronext, et notamment celles de sa filiale spécialisée sur les dérivés, Liffe. Le groupe d’Atlanta a présenté hier une offre de rachat de 8,2 milliards de dollars à 33,12 dollars par actions, soit une prime de près de 38% par rapport au cours de clôture de mercredi soir.
En mettant la main sur Nyse Euronext, ICE, emmené par Jeffrey Sprecher, acquiert l’emblématique activité de négociation actions et d’introductions en Bourse de Nyse Euronext aux Etats-Unis. Il élargit surtout son portefeuille de produits dérivés, notamment en s’implantant sur le marché des dérivés de taux, le plus gros au monde. Jusqu’ici, le groupe tirait essentiellement ses revenus des produits dérivés énergétiques, listés ou échangés de gré à gré, même s’il est aussi actif sur les dérivés de matières premières agricoles et de crédit.
Nyse Euronext est non seulement présent sur les dérivés de taux mais aussi sur les dérivés d’indices actions et de matières premières agricoles. Le futur groupe devrait avoir un chiffre d’affaires de 3,8 milliards de dollars et tirer environ 44% de ses revenus des futures et options, avant les services technologiques (16%), les données de marchés (13%), les cotations (12%) et le cash (11%). ICE assure que l’entité combinée deviendra la troisième plus grosse bourse mondiale en termes de contrats échangés, juste derrière le CME et Deutsche Börse.
Ce mouvement de consolidation n’est pas surprenant. Les Bourses, comme Nyse Euronext, sont confrontées à la baisse des volumes et à la concurrence des plates-formes alternatives sur les métiers du cash actions et cherchent à se recentrer sur les activités de négociation et de compensation des dérivés, beaucoup plus rentables. C’est avant tout pour devenir un géant mondial des dérivés que Nyse Euronext et Deutsche Börse avaient, en vain, tenté de se rapprocher, avant que leur fusion ne soit bloquée par les autorités de la concurrence européennes début 2012. ICE avait présenté avec Nasdaq OMX, une contre-offre sur Nyse Euronext, rejetée, elle, par le régulateur américain qui craignait un monopole sur les IPO aux Etats-Unis.
ICE veut aussi devenir un champion de la compensation, notamment des dérivés OTC alors que les régulations en cours d’adoption en Europe et aux Etats-Unis rendent ce marché incontournable. Le groupe possède déjà des chambres aux Etats-Unis et en Europe, y compris pour les CDS (credit default swaps).
Alors que Nyse Euronext prévoyait de bâtir sa propre chambre de compensation à Londres, les deux groupes ont annoncé que les contrats de la Bourse transatlantique seraient compensés via ICE Clear Europe à partir de mi-2013.
ICE assure que le rapprochement permettra de réaliser 450 millions de dollars de synergies d’ici à trois ans. Cette somme comprend 150 millions de réductions de coûts déjà prévues par Nyse Euronext. Le mariage des deux groupes devrait être conclu au deuxième semestre 2013, sous réserve que les régulateurs donnent leur aval. Les dirigeants d’ICE et de Nyse Euronext ont souligné qu’ils étaient spécialisés sur des produits dérivés différents et que les autorités de la concurrence n’avaient pas de raison de s’opposer à l’opération.
S&P a placé hier soir les notes «A+/A-1» de Nyse Euronext sous surveillance avec implication négative.
{"title":"","image":"79125»,"legend":"Nyse Euronext \/ ICE : d\u00e9tail du chiffre d’affaires. Illustration L’Agefi.»,"credit":""}
Plus d'articles du même thème
-
Volkswagen est pénalisé par les déboires de sa filiale Porsche
Le revirement du constructeur de Stuttgart dans les véhicules électriques aura un impact négatif sur sa marge d’exploitation et sur les comptes annuels de sa maison mère. -
«Nous préférons les obligations d'entreprise aux obligations d'Etat»
Wilfrid Galand, directeur stratégiste chez Montpensier Arbevel -
L’AMF veut se doter de nouveaux pouvoirs contre la criminalité organisée
Une proposition de loi visant à lutter contre la fraude financière et à renforcer la sécurité financière devrait être examinée prochainement par la commission des finances de l’Assemblée nationale. Si certains se félicitent de cette évolution, d’autres s’interrogent sur la pertinence d’accorder au gendarme boursier des pouvoirs réservés jusqu’alors au juge pénal. -
«Les marchés pourraient connaître une phase de consolidation à court terme»
Grégory Huet, gérant de portefeuilles, associé chez Amplegest -
«Le recalage des attentes de taux corrigera un différentiel implicite trop favorable à l’euro»
Dorian Foulon, gérant de portefeuilles et co-rédacteur de la stratégie d’investissement chez Cholet Dupont Oudart -
Exail Technologies, pépite de la défense, prend d'assaut le SBF 120
La société, détenue à 44% par la famille Gorgé, est spécialisée dans les drones autonomes maritimes et les systèmes de navigation. Elle profite de l'appétit des investisseurs pour le secteur de la défense.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

DWS cote trois ETF de petites capitalisations
- Nicolas Namias assure que le projet de fusion des gestions d’actifs de BPCE et Generali se poursuit
- Stéphane Cadieu (Arkéa AM) : «Il faut aborder les marchés avec humilité»
- BlackRock lance le premier ETF adossé à la méthodologie MSCI World sur la neutralité géographique et sectorielle
- Crédit Mutuel Arkéa vend ses 40% dans Swen Capital Partners
- Eric Bertrand va prendre la direction générale d’Ofi Invest AM
Contenu de nos partenaires
-
Vœu pieux
Palestine : Macron joue son va-tout
Lundi soir, le président français reconnaîtra l'Etat de Palestine à l'ONU. Une première étape pour tenter de mettre fin au conflit à Gaza. Mais c'est sans compter l'hostilité d'Israël et des Etats-Unis -
Editorial
Taxe Zucman : une attaque contre la liberté
Sa leçon est claire : la radicalité conduit à davantage de radicalité, et appelle son complément naturel, l'oppression -
Une séparation
Entre Gabriel Attal et Emmanuel Macron, le parti Renaissance vit la première rupture de son histoire
A Arras, dimanche, la rentrée politique du parti présidentiel s'est déroulée devant une salle vidée de ses ministres. Ces derniers craignaient d'être associés à la volonté de Gabriel Attal de couper tout lien avec Emmanuel Macron