
H2O, la fausse note

La performance à tout prix a tout de même un prix. Pour H2O Asset Management, elle est synonyme de gel d’une partie de ses OPCVM. La décision n’aura certes pas l’impact systémique du blocage des fonds monétaires de BNP Paribas, Axa et Oddo en pleine crise des subprime. Voilà plus d’un an que l’affilié de Natixis est empêtré dans des investissements illiquides liés au financier allemand Lars Windhorst. Il ne le doit qu’à ses choix, dont les dangers avaient été mis au jour par temps calme, bien avant l’apparition du Covid-19. Cet accident industriel n’en constitue pas moins un choc pour les conseillers en gestion de patrimoine et les assureurs-vie qui avaient largement distribué les produits de H2O auprès d’une clientèle de particuliers en vantant leurs rendements exceptionnels. Depuis que le vent a commencé à tourner, en juin 2019, ils sont d’ailleurs restés d’une remarquable discrétion...
Le secteur est malheureusement coutumier de ces effets de mode. Trop de distributeurs regardent les gérants stars avec les yeux de Chimène. Parfois, l’histoire se termine mal, comme celle de Richelieu Finance, ancienne gloire de la gestion actions ayant succombé à des paris trop audacieux sur des valeurs moyennes. Pour d’autres, la désillusion succède à l’emballement : Carmignac, le grand gagnant de la crise financière, a fini par rentrer peu à peu dans le rang. Ces dernières années, la filiale de Natixis avait supplanté le gérant de la Place Vendôme dans le cœur des épargnants et de ceux qui font profession de guider leurs placements. Comment résister à des rendements à deux chiffres qui reléguaient tous les fonds concurrents, hedge funds compris, en catégorie amateur ? Comment ne pas succomber au charisme d’une équipe qui paraissait changer en or tout ce qu’elle touchait ? Pour nombre de distributeurs de produits financiers, une bonne louchée d’H2O Adagio ou Multibonds dans l’allocation de leurs clients, additionnée d’un zeste de parts de société civile en placement immobilier, constituait jusqu’à l’an dernier la recette miracle.
L’effondrement généralisé de la valeur des fonds en mars, dépassant de beaucoup le krach des marchés financiers, a confirmé pourtant, si besoin était, la vraie nature de la gestion de la société. L’asset manager a toujours mené une stratégie alternative agressive, capable de faire bien mieux et bien pire que ses concurrents, sans demi-mesure. Ce risque élevé était assumé. A-t-il été bien expliqué, s’agissant de fonds de droit français commercialisés auprès de clients pas tous avertis ? Pour tous ceux qui conseillent ou vendent ces produits, l’affaire H2O constitue un sérieux rappel à l’ordre sur la réalité de leur devoir fiduciaire. Un avertissement d’autant plus utile que dans cette période de taux bas, il sera tentant de s’enticher du prochain Mozart de la finance.
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