
Communication financière, gardons le cap du long terme !

L’année 2023 s’ouvre sur un paysage stratégique et financier bouleversé, pavé d’incertitudes qui se sont rapidement renforcées au cours des derniers mois : tensions géopolitiques, inflation généralisée, pénurie de matières premières, hausse des taux d’intérêt…. Or, l’incertitude est l’ennemi numéro un de l’investissement.
D’après une étude récente du Boston Consulting Group, plus de la moitié des investisseurs institutionnels anticipent une récession du fait des hausses des taux mises en œuvre par la Réserve Fédérale en vue de lutter contre l’inflation. Ces craintes engendrent une aversité au risque accrue, en réponse au bon adage ‘Don’t fight the Fed !’, et entraînent une inversion des priorités qui avaient pu naître des les débuts de l’ère Covid. Une situation transposable en Europe.
Rassurer, oui… mais en redonnant de la perspective
Alors que débute la période de publication des résultats annuels de l’exercice 2022, les communications financières devront adresser ce pessimisme en démontrant la résilience de l’entreprise dans cet environnement complexe grâce à la force de son modèle, à la solidité de ses fondamentaux et à sa capacité d’adaptation. Pour autant, ces incertitudes ne doivent pas gagner du terrain, tout comme la communication ne doit pas se cantonner à rassurer un public d’investisseurs dont la vision serait dès lors trop recentrée sur le court terme… et sur la pure performance financière !
Ainsi, un résultat de l’étude interpelle : ces «perturbations» conjoncturelles engendrent un intérêt moindre pour les engagements ESG des sociétés dans lesquelles ils investissent. Seuls 37% des investisseurs pensent qu’il est important que les sociétés en bonne santé financière poursuivent leur agenda et leurs priorités ESG en temps de crise, même si cela induit l’atteinte d’un bénéfice net par action plus faible ou de délivrer en-dessous du consensus. Chute drastique : ils étaient en moyenne 49% à abonder en ce sens au cours des trois dernières années. Ils ne sont même que 5% à désigner le climat comme faisant partie de leurs principales préoccupations.
Un nouveau paradigme ESG passionnant
Les prochains mois s’annoncent pourtant révolutionnaires en termes de réglementation extra-financière. Une vague de nouvelles directives est en passe de s’imposer sur tous les continents. En Europe, c’est l’entrée en vigueur de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), prévue en 2024, qui devrait marquer un véritable tournant. Partie intégrante de l’arsenal réglementaire de l’Union européenne en matière de reporting sur les critères ESG, la directive va remplacer la NFRD et la DPEF, et en augmenter la portée en répondant enfin à la demande de standardisation des indicateurs sur lesquels les entreprises de plus de 250 salariés devront communiquer.
Cette normalisation du reporting extra-financier a pour but de faire naître un référentiel européen commun, fondé sur le concept de double matérialité, offrant aux investisseurs un environnement de données de qualité. Ainsi, l’information extra-financière doit disposer d’un statut comparable à celui de l’information financière. Côté émetteurs, ce serait une erreur de ne pas agir dès maintenant et de ne pas prendre un temps d’avance en démontrant l’intégration entre les deux domaines dans les communications (extra-)financières de cette année.
Face à une crise climatique et sociale sans précédent, demain se joue maintenant. Les investisseurs, institutionnels comme particuliers, ont un rôle de premier plan à jouer. Tout comme les émetteurs qui, en adoptant une posture transparente et en illustrant leur engagement avec des indicateurs concrets, assureront la solidité de leur profil financier futur et leur pérennité.
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