ArcelorMittal jette un froid sur le marché de la dette hybride corporate

Telecom Italia est considéré comme le plus susceptible de suivre les pas du sidérurgiste en rachetant sa souche de dette hybride en euros
Patrick Aussannaire

ArcelorMittal a surpris les marchés de dette la semaine dernière. L’exercice de son option de rachat («call») réglementaire à un prix de 101% du pair sur la souche hybride de son obligation de maturité perpétuelle libellée en dollar portant coupon de 8,75%, a enflammé la dette hybride corporate. A 109% avant l’annonce, le cours a ensuite dévissé de 6,8 points pour s’aligner sur le prix de rachat. «La société envoie un signal très négatif aux porteurs hybrides. Elle aurait pu procéder à une offre de rachat ou d’échange mais a préféré sacrifier sa réputation. A partir de là, il est difficile d’imaginer son retour prochain sur ce marché», estime même Aurel BGC.

Le groupe, passé en catégorie spéculative par Moody’s à Ba1 depuis novembre 2012, a exercé sa clause «rating event» ouverte avec le changement de méthode effectué par Moody’s en juillet 2013 pour les émetteurs de dettes hybrides dégradés en «high yield». Ayant perdu la part d’equity associée à l’émission (de 50% auparavant), le coupon payé sur l’hybride d’ArcelorMittal, considérée à 100% comme de la dette senior par l’agence, est devenu prohibitif par rapport à un coût de financement senior. «Ce changement de méthodologie incite les émetteurs passant en catégorie HY à exercer le call sur leurs titres hybrides», estime Tullett Prebon.

La dette hybride de Telecom Italia en euro avec une date de call en 2018, qui affiche également un call réglementaire à 101%, risque à tout moment le déclenchement d’un rachat depuis la dégradation de l’opérateur par Moody’s à Ba1 en octobre dernier. Le titre traitait à 102% hier. Mais Aurel BGC estime que le groupe n’est pas prêt à «se priver de la possibilité d’améliorer ses fonds propres par l’émission d’hybrides».

Les risques pèsent moins de 3% du stock de dettes hybrides en euro, selon Natixis. Sur 2013, ce segment a affiché un rendement de 6,4%, pour un montant record d’émissions en Europe de 67,7 milliards de dollars.

S&P avait également modifié sa méthode en 2010, ce qui avait conduit à une disqualification de titres de Dong et d’Alliander en tant que fonds propres. Tullett Prebon estime que les souches anciennes de Suez Environnement et RWE courent un risque de disqualification par S&P, notamment du fait de «la structure des coupons de ces titres constituée d’un step-up important de 100 pb à partir de 2020 (avec une forte incitation au rappel du titre)».

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