Amundi creuse l'écart avec ses concurrents

Ses rivaux français n’affichent une hausse de leurs encours que grâce aux effets de marché ou de périmètre
Antoine Landrot
Collecte Amundi en 2012
Collecte Amundi en 2012  - 

En 2012, Amundi a encore une fois illustré la puissance de son dispositif en gestion d’actifs. La filiale commune, détenue à 75% par Crédit Agricole SA et à 25% par la Société Générale, a réalisé une collecte nette insolente de 15,2 milliards d’euros l’année dernière. A titre de comparaison, ses rivaux bancaires ont connu des fortunes inverses. Natixis Global Asset Management (GAM) a dans le même temps décollecté de 15,5 milliards. BNP Paribas Investment Partners (IP) a subi une fuite de 18,8 milliards d’euros d’après nos calculs.

Le climat est pourtant très défavorable à la gestion en Europe: le secteur doit faire face à la désaffection de certaines catégories d’investisseurs –notamment les particuliers– pour la Bourse, à la concurrence des marchés émergents et à la diminution structurelle de la rentabilité du métier face aux évolutions réglementaires (comme la directive MIF2). En outre, les banques ont tendance à orienter l’épargne de leurs clients vers les produits de bilan (comptes à terme, certains livrets). Enfin, le doublement du plafond du Livret A a provoqué une migration d’une partie de l’épargne des particuliers vers ce produit défiscalisé et liquide.

L’année a été particulièrement difficile pour BNP Paribas IP. Après des gains importants au premier trimestre (+7,8 milliards d’euros), le pôle de gestion d’actifs de la première banque d’Europe continentale par les bénéfices a décollecté 9,7 milliards au trimestre suivant, 9,2 milliards au troisième et 7,7 milliards au dernier.

Mais Amundi a su profiter de sa position de force auprès des investisseurs institutionnels et des entreprises. La collecte nette de 18,8 milliards d’euros réalisée auprès de ces deux catégories de clientèle a plus que compensé la décollecte relativement violente en provenance des réseaux dits «partenaires» (les caisses régionales du Crédit Agricole, LCL et la Société Générale). En outre, la collecte auprès des distributeurs tiers atteint 2 milliards et l’épargne d’entreprise 5,2 milliards.

Il faut ajouter à cela l’effet de marché, qui, grâce au rebond des actions en 2012, a été favorable à l’ensemble des acteurs français de la gestion. Ceux-ci ont pu ainsi afficher une progression de leurs encours. Cet effet atteint 53,6 milliards d’euros pour Amundi, qui peut ainsi revendiquer une progression de plus de 10% de ses encours sous gestion en 2012, à 727 milliards d’euros, contre 659 milliards fin 2011. Le gérant dépasse également son encours de 2010 (710,3 milliards d’euros). Chez Natixis GAM, l’effet de marché atteint 13,6 milliards d’euros au quatrième trimestre (l’impact annuel n’a pas été communiqué) pour un encours de 591 milliards (+5% sur un an). Chez BNP Paribas IP, l’encours est quasi-stable (+0,5%) à 405 milliards.

D’autres éléments ont pu compenser les décollectes enregistrées par les rivaux d’Amundi. Au quatrième trimestre par exemple, Natixis GAM a bénéficié de sa politique de croissance externe, notamment grâce à l’acquisition du gérant McDonnell, qui a apporté 10 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Sa présence outre-Atlantique lui a d’ailleurs permis de collecter 4,5 milliards d’euros, amortissant légèrement la violente décollecte en Europe (de 20 milliards). Au total, l’effet de périmètre atteint 15,5 milliards pour Natixis GAM. A contrario, ce tropisme américain a constitué un handicap avec la hausse de l’euro par rapport au dollar. L’effet de change lui a ainsi coûté 6 milliards d’euros.

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