Alexis Tsipras renie ses engagements vis-à-vis des Grecs

Une semaine après le «non» du peuple grec, le Premier ministre s’est engagé sur de fortes hausses d’impôts pour atteindre ses objectifs budgétaires.
Patrick Aussannaire

Les propositions de réformes transmises jeudi soir par Athènes à Bruxelles sont quasiment identiques à celles que les Grecs ont refusées par referendum le 5 juillet. C’est pourquoi le premier ministre Alexis Tsipras a eu besoin des voix de l’opposition pour que le texte passe préalablement au parlement, suscitant l’ire de l’aile gauche de son parti Syriza.

Pour atteindre l’objectif d’une hausse de l’excédent primaire de 1% cette année à 3,5% fin 2018 et éviter l’impasse, Alexis Tsipras a ainsi pris le risque politique de présenter un programme représentant un effort budgétaire total de 53,5 milliards d’euros étalé sur trois ans.

Mais le premier ministre a su replacer sa proposition dans le cadre d’une négociation pour un troisième plan d’aide, alors que le texte du referendum semblait lié au reliquat du deuxième (pour 15,5 milliards d’euros).

Le taux de TVA serait porté à 23% pour la restauration et à 13% pour l’hôtellerie, et les exemptions de TVA jusqu’ici accordées aux îles grecques pour y favoriser le développement du tourisme seraient annulées, ce qui assurerait une hausse des recettes nettes équivalentes à 1% du PIB grec. Parallèlement, l’impôt global sur le revenu serait également relevé de 2 points à 28%, soit un point de moins que lors de ses précédentes propositions, alors que le projet de surtaxer les entreprises réalisant des profits supérieurs à 500 millions d’euros a été tout simplement abandonné. Le taux d’impôt sur les revenus issus des loyers sera également relevé de 11% à 15% s’ils sont inférieurs à 12.000 euros et de 33% à 35% s’ils sont supérieurs à ce seuil, et l’impôt sur les revenus des entreprises d’un point, à 29%.

Dans le cadre d’une réforme structurelle du système de retraite qui serait présentée le 31 octobre pour en assurer la pérennité à long terme, Athènes s’est engagé à repousser l’âge de la retraite à 67 ans pour bénéficier d’une pension complète, et à 62 ans pour ceux ayant travaillé 40 ans en 2022, avec l’introduction de pénalités pour les départs anticipés. La proposition de hausse des charges de contribution aux retraites des entreprises de 3,9% a quant à elle été abandonnée. Outre les mesures sur la fiscalité, la corruption et la concurrence destinées à améliorer l’efficacité de l’économie, le budget de la Défense sera réduit de 300 millions d’euros d’ici à fin 2016 et le processus de privatisations sera relancé dès octobre avec la cession du port du Pirée et de Thessaloniki et des aéroports régionaux.

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