
L’Europe démunie face aux appétits chinois
L’appétit des groupes chinois pour les belles entreprises européennes commence à inquiéter les autorités. En France, le gouvernement et les dirigeants du groupe Accor cherchent à empêcher une prise de contrôle rampante du fleuron de l’industrie hôtelière tricolore par son concurrent chinois Jin Jiang, qui détient déjà 15% du capital.
En Allemagne, c’est le rachat de Kuka, un fabricant de robots industriels, qui a déclenché l’alarme. Les dirigeants de l’entreprise ont accepté une offre de reprise émanant du groupe cantonais Midea, mais le ministre allemand de l’Economie, Sigmar Gabriel, a appelé de ses vœux une offre d’achat concurrente venant d’Allemagne ou d’Europe. Berlin craint en effet la perte de technologies clés pour le pays, car Kuka est le premier fournisseur de la puissante industrie automobile allemande.
Pékin invoque la loi des affaires, et l’intérêt bien compris de l’Europe à accueillir ces investissements étrangers. Chez Accor comme chez Kuka, les acquéreurs chinois ont d’ailleurs commencé par faire profil bas et prendre des participations minoritaires au capital. Mais, on le sait, l’appétit vient en mangeant, et l’approche amicale cède vite le pas à une démarche plus pressante.
Devant ces assauts répétés, l’Europe apparaît aujourd’hui relativement démunie pour défendre ses champions industriels. Certains Etat disposent de lois leur permettant de protéger leurs secteurs stratégiques. C’est le cas en France avec le décret Montebourg qui a complété en 2014 le décret Breton, sans empêcher pour autant le rachat d’Alstom par General Electric. En Allemagne, le gouvernement peut en théorie bloquer tout investissement extra-européen qui menacerait l’ordre public et la sécurité du pays, mais il n’a jamais fait usage de ce droit de veto.
L’approche américaine est bien plus efficace. Les Etats-Unis ont mis en place dans les années 70 un comité, le CFIUS, chargé d’examiner tous les investissements étrangers dans le pays. Ces dernières années, son intransigeance a fait échouer plusieurs dizaines de transactions qui impliquaient souvent des groupes chinois. En début d’année, par exemple, face aux réticences de ce comité, Philips a renoncé à vendre à un fonds chinois l’une de ses filiales, active aux Etats-Unis. Comme quoi, entre l’Europe et l’Amérique, le plus protectionniste n’est pas forcément celui auquel on pense.
Plus d'articles du même thème
-
Point Immo : comment sont répartis les hauts revenus à Paris ?
La Fondation Jean Jaurès décrypte dans une étude la répartition historique des ménages les plus aisés dans la capitale. -
Ses projets pour la CNCGP, les critiques contre les Chambres... les réponses d'Yves Mazin
Le nouveau président de l'association a répondu aux questions de la rédaction dans le dernier Patrimoine Online. -
Fed, dissolution, vote de confiance,... Yves Mazin décrypte une rentrée explosive !
Yves Mazin, co-fondateur de Version Patrimoine et président de la CNCGP, a décrypté l'impact d'un contexte tendu et incertain sur les stratégies patrimoniales des ménages. -
Pourquoi Remake AM tente un nouveau format de SCPI
La société de gestion immobilière a annoncé cet été le lancement de Remake UK. Il s'agit du premier véhicule de sa gamme de fonds millésimés thématiques à durée déterminée. Le co-fondateur de Remake AM, David Seksig, a été interrogé dans Patrimoine Online. -
Patrimoine Online à Bordeaux avec Yves Mazin (CNCGP & Version Patrimoine)
Le nouveau président de la CNCGP, également co-fondateur du cabinet Version Patrimoine, était l’invité de la rentrée. -
«2030 Investir demain» : Faut-il regarder vers la Chine ?
Dans le cadre du Think Tank “2030 Investir demain”, Claire Martinetto, présidente du directoire d’ECOFI, et Bertrand Badré, fondateur et managing partner de Blue Like an Orange Sustainable Capital, décryptent les prises de conscience nécessaires pour pouvoir poursuivre efficacement un développement durable.
Sujets d'actualité
- Le patron de la Société Générale prend la menace Revolut au sérieux
- L’AMF sanctionne Altaroc et ses deux dirigeants à hauteur de 1,3 million d’euros
- BNP Paribas confirme ses objectifs 2025 et dévoile des ambitions pour 2028
- Le Crédit Agricole revendique une place dans l’accès aux soins et les services aux plus âgés
- Rubis confirme avoir engagé des discussions avec des acteurs industriels et financiers
Contenu de nos partenaires
-
Vœu pieux
Palestine : Macron joue son va-tout
Lundi soir, le président français reconnaîtra l'Etat de Palestine à l'ONU. Une première étape pour tenter de mettre fin au conflit à Gaza. Mais c'est sans compter l'hostilité d'Israël et des Etats-Unis -
Editorial
Taxe Zucman : une attaque contre la liberté
Sa leçon est claire : la radicalité conduit à davantage de radicalité, et appelle son complément naturel, l'oppression -
Une séparation
Entre Gabriel Attal et Emmanuel Macron, le parti Renaissance vit la première rupture de son histoire
A Arras, dimanche, la rentrée politique du parti présidentiel s'est déroulée devant une salle vidée de ses ministres. Ces derniers craignaient d'être associés à la volonté de Gabriel Attal de couper tout lien avec Emmanuel Macron