Un coup de projecteur lié au PEA-PME

Les petites et moyennes capitalisations ont déjà bien performé mais certains gestionnaires croient encore à leur potentielLa parution des décrets concernant les valeurs éligibles au PEA-PME conforte les gérants sur cette classe d’actifs

La nouvelle est passée presque inaperçue mais, depuis le 31 décembre dernier, les valeurs moyennes françaises (aujourd’hui suivies par l’indice CAC Mid 60, créé en 2011 par Nyse Euronext) ont dépassé leur plus haut historique datant du mois de juin 2007. De son côté, le CAC 40, l’indice des principales valeurs de la Bourse de Paris, reste bien loin des sommets de septembre 2000. Mais ce n’est pas tant cette surperformance par rapport aux grandes capitalisations qui rappelle les petites valeurs au bon souvenir des gestionnaires que la création du PEA-PME qui doit accueillir ces titres dans un environnement défiscalisé. Et si le vivier de valeurs éligibles est constitué d’environ 3.000 valeurs européennes, «beaucoup de gérants commenceront par se concentrer sur les valeurs françaises qu’ils connaissent mieux», note Vincent Le Sann, directeur marchés chez Portzamparc, soit environ 480titres (lire l’avis d’expert).

D’un rattrapage…

Si de nombreux gestionnaires travaillent aujourd’hui sur une offre éligible au nouveau plan d’épargne –les décrets sur le PEA-PME sont, au moment où nous mettons sous presse, toujours en attente–, qu’en est-il vraiment du potentiel des sociétés concernées? L’année 2013 a en effet été celle des moyennes valeurs, qui ont surperformé le CAC40 de près de 9 points (26,83% de hausse pour l’indice Mid 60, contre 17,99% pour le CAC 40), après une surperformance en 2012 de 7,7 points. Et les petites valeurs, depuis quelques mois, leur embrayent le pas.

Preuve du rattrapage des petites et moyennes valeurs (les small et mid caps) sur les grandes, leur ratio de cours sur bénéfices (le PE, price earning ratio) est aujourd’hui proche de 15 (ce même ratio était à moins de 10 en 2008), contre environ 13pour les grandes capitalisations. «Ce ratio, pour les petites valeurs, est aujourd’hui juste un peu au-dessus de la moyenne historique des vingtdernières années (autour de 14)», déclare Vincent Le Sann.

… à une envolée possible.

Est-ce à dire que cette partie de la cote est aujourd’hui surévaluée? «A ces niveaux, nous ne pouvons pas parler de bulle sur small et mid caps», continue Vincent Le Sann. Il est vrai que l’indice CAC Mid&Small (recalculé avant sa création) a surperformé le CAC40 à onze reprises sur les quatorzedernières années et que, «sur cette période, il ne s’agit pas d’un phénomène cyclique, mais bien d’un phénomène structurel», confirme un professionnel. «L’année 2014 sera le prolongement de la normalisation que nous avons observée sur la valorisation en 2013, mais cette fois-ci sur la croissance des résultats. Or, cette conjoncture est particulièrement favorable au stock-picking (les choix de valeurs), et particulièrement sur les moyennes, voire les petites capitalisations», déclare Marco Bruzzo, le directeur général délégué de Mirabaud Asset Management.

Alors, même si le récent rebond de cette partie de la cote peut inquiéter certains investisseurs, «en prenant en compte le taux de croissance attendu de leurs résultats pour cette année et l’année prochaine, les très petites capitalisations ne paraissent absolument pas surévaluées», déclare Sébastien Lagarde, gérant chez Axa IM.

Bilans sains.

Autre argument militant pour une valorisation raisonnable des petites et moyennes capitalisations françaises, le nombre de ces valeurs qui cotent en dessous de leur niveau d’actif net (les sociétés dont le ratio Price to Book est inférieur à 1) reste encore important. «Aujourd’hui, 30% des small et mid caps cotent en dessous de leur actif net. Or, si au pire de la crise en 2008, ce ratio était monté à 60%, cette proportion reste bien inférieure aux 7% observés en juin 2007 au plus haut du marché», constate un professionnel. Cela n’aurait pas beaucoup d’importance si les entreprises étaient en mauvaise santé mais, selon Guillaume Cuvillier, responsable adjoint de la recherche action chez Gilbert Dupont, «ces sociétés ont traversé la crise, se sont restructurées, ont amélioré leurs marges et sont moins endettées qu’en 2007».

Et même après ces améliorations, «certaines petites et moyennes entreprises disposent toujours de leviers pour augmenter encore leurs marges», estime Marco Bruzzo. Aujourd’hui, selon certains analystes, les valeurs moyennes ont, dans leur ensemble, bien optimisé sur leur structure de coût. «Chaque augmentation du chiffre d’affaires aura donc des répercussions immédiates sur les résultats», déclare Guillaume Cuvillier. Sans compter que la baisse des matières premières peut aussi avoir un impact positif pour ces sociétés. «Notre biais est donc clairement positif pour 2014, même si certains titres ont déjà bien progressé», conclut le professionnel.

Risque mesuré.

Malgré cela, la classe d’actifs reste risquée selon certains. «S’il n’y avait pas eu le PEA-PME, nous n’aurions pas été aussi optimistes sur les petites et moyennes valeurs», reconnaît un spécialiste du secteur. En premier lieu, ces valeurs sont réputées très volatiles. Il est vrai que prises indépendamment, les très petites capitalisations peuvent présenter une volatilité élevée, mais «comme ces valeurs sont très peu corrélées entre elles, un portefeuille de micro capitalisations sera moins volatil qu’un portefeuille de grandes capitalisations, très corrélées entre elles», estime Sébastien Lagarde.

Les petites capitalisations sont aussi réputées peu liquides. «Cela est vrai pour certaines d’entre elles, mais il est possible pour un gérant de liquider 80% de son portefeuille en cinq ou six jours s’il est bien diversifié et s’il investit sur des titres dont les montants de transactions quotidiennes approchent les 100.000euros, ce qui est très courant pour ces valeurs», tempère Sébastien Lagarde.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...