La mobilisation de l’épargne Covid devient un enjeu politique

Le sujet remontera dans les échanges politiques à l’approche de l’élection présidentielle.
Fabrice Anselmi
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Un pavé dans la mare»? Louis Gallois, ancien président du conseil de surveillance de PSA, a plaidélundi sur Europe 1pour la mise en place,«temporairement pendant deux ans par exemple», d’un impôt de solidarité sur les plus aisés afin de venir en aide aux personnes les plus touchées par la crise économique liée à la crise sanitaire, en particuliers les jeunes. L’ancien patron part du constat que«30% des Français ont épargné»et évoque une imposition provisoirement renforcée«sur les tranches les plus élevées»de l’impôt sur le revenu, pour une affectation précise et pas pour rembourser la dette publique.

La crise sanitaire et économique menaçant de creuser les inégalités de revenus et de patrimoine, le réflexede taxer les plus riches se manifeste à nouveau. La tentation est d’aller puiser dansl'épargne excédentaire que ceux-ci ont accumulée depuis le début de la pandémie de Covid-19.Dimanche, le sénateur socialiste membre de la commission des financesRémi Féraud évoquait ainsil’idée de taxer l’épargne Covid, àl’instar de la fiscalité exceptionnelle mise en place par Nicolas Sarkozy à la sortie de la crise 2008. Cette épargne excédentaire pèse environ 100 milliards d’euros d’après la Banque de France, ou 18,8% du revenu disponible désormais, dont 70% ont été épargnés par20% des Français les plus aisés selon le Conseil d’analyse économique. Déjà en avril, en pleine paralysie de l'économie française, une proposition de loi socialiste avait tenté en vain d’alourdir la fiscalité des assurances vie dont l’encours dépasse 30.000 euros…

Flécher l'épargne vers l'économie

SollicitéparL’Agefi, Bercy répondque,«comme mentionné à plusieurs reprises, le ministre est contre toute hausse d’impôts».

La question, dans ce débat qui monte en puissanceà un an de l’élection présidentielle, est surtoutde savoir s’il faut mobiliser l’épargne pour financer l’urgence des plus démunis, d’où l’idée d’une taxe, ou plutôt pour soutenir la reprise de l’économie (via la consommation) et l’avenir (via l’investissement). Pour la consommation,«la confiance des citoyens nécessite de la stabilité fiscale», rappelle le ministère de l’Economie. Quant à l’investissement, le plan de relance a prévu deux dispositifs pour s’appuyer sur l’épargne: au travers de fonds labellisés (actuellement plus de 120 pour12 milliards d’euros) mais dont on peut douter que l’encours explosera sans incitation fiscale, juste sur la foi du Label Relance; et au travers deBpifrance, qui a lancé le 1er octobre le premier fonds de fonds de PME et d’ETI non cotées à destination des particuliers.Bpifrance Entreprises 1(95 millions d’actifs) sera bientôt distribué dans tous les réseaux bancaires, et l’initiative sera ensuite renouvelée. Le ministre Bruno Le Maire a estimé que cette étape prolongeait les efforts de fléchage de l'épargne vers l'économie entamés avec laloi Pacte, notamment via leplan épargne retraite(PER) dont l’encours atteint désormais12 milliards d’euros.

Un alourdissement de la fiscalité irait aussi à l’encontre des réformes entreprises au début du quinquennat avec l’instauration de laflat taxsur les revenus du capital et la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière. Deux mesures censées redonner de l’attrait à l’investissement en actions.

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